• l'eoil & la plume... si je ne touche pas...

    texte de Marie-Andrée Gill         portrait par Max Antoine Guérin,2014  

     

     

     

    si je ne touche pas les lignes du trottoir

    si je me rends au troisième lampadaire sans

    m’arrêter de courir

    tout va bien aller

     

    ça n’existe pas c’est dans ma tête

    l’air de rien j’ai assez d’ongles pour

    m’accrocher au désordre

     

     

    le lac gruge un peu plus le ciment les gencives
                                                                en sang

     

    et j’ai envie que tout ça finisse au plus vite

    comme ce premier french sur le rempart

     

    (nous sommes partout égarés)

     

    des bancs

    des cèdres taillés

    et là, géants

    quatre tipis de béton

     

    dessus, des gravures

    un castor

    des raquettes

    un canot, un ours

    gris ciment

    gris évolution

    l’histoire tracée dans la fadeur

     

    Le rempart

     

    un temps impossible, gelé

    des poussettes, des gars chauds

     

    jour et nuit les chiens

     

    jour et nuit le pissenlit pousse

    dans la craque du béton

     

    et devant le lac,

    une chance,

    le lac.
     

    Marie-Andrée Gill, « si je ne touche pas... », Frayer, La Peuplade, 2016. 


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