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Par jlmi le 2 Août 2023 à 00:29
texte & toile Marie Laurencin (la prisonnière)
plus qu'ennuyée
triste
plus que triste
malheureuse
plus que malheureuse
souffrante
plus que souffrante
abandonnée
plus qu'abandonnée
seule au monde
plus que seule au monde
exilée
plus qu’exilée
morte
plus que morte
oubliée
Barcelone 1917
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Par jlmi le 1 Août 2023 à 00:47
texte & photo André Laude
À Marsiho
l'été est froid
l'hiver est chaud
les assassins sont beaux
et les saints
trafiquent la coco
à Marsiho
on y trouve des ciseaux
des sœurs jumelles
des frères gémeaux
d'incroyables forbans
qui ne croient pas au ciel
des amantes des amants
des prisons des bordels
des gredins des hirondelles
et de très vieux mendiants
qui n'ont plus que la peau et les os
et qui mangent des épluchures
en pissant libres contre les murs
effaçant « défense d'afficher »
un jour j'arriverai à Marsiho
avec mes barons mes archers
mes capitaines fidèles
les femmes me feront escorte
avec leurs beaux grands yeux d'amour
j'entrerai par la plus grande porte
vêtu de mes plus beaux atours
ce sera fête fifres et tambours
guideront vers ma couche parfumée
celle que moi Jaufré Rudel
je cherche depuis toujours
d'Arles en Palestine occupée
la dame de mes pensées
ma dame bien-aimée.
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Par jlmi le 31 Juillet 2023 à 00:38texte de fanny sheper photo de jlmi 2012
Qu’est ce qu’on n’a pas fait comme cochonneries tous les deux
On pouvait pas s’empêcher
Dans les hautes herbes perdues dans les branches
Contre un mur accroché aux antennes
Au pied d’une poubelle la tête dans les bijoux
Sur un banc gribouillé tout en haut des néons
On s’est rependus un peu partout
On se promenait dans les villes
Les mains sales de délices et les yeux juteux
On s’enveloppait tout le temps comme des nuages
Ton jean en tire bouchon et ma culotte au plafond
C’était rigolo
Dans un lit qui grimpe aux rideaux décoiffés
Contre un pylône les orteils dans les fils électrifiés
Dans un vieux sofa rouge et profond comme la mort des amants
Sur un plancher penché les cheveux mouillés
Dans le sable les doigts salés
On l’a fait mille fois partout
Comme des obsédés qui vont trépasser
On s’est écarquillés, on s’est entremêlés
Comme les derniers dingues d’une dynastie effondrée
On l’a fait
Cachés dans un zoo près des papillons
Dans les toilettes d’un bus bondé
A califourchon dans une forêt poilue
Sur un vieux lavabo qui boitait
Sur une peau de vache dans l’étincelle d’un crépitement
Contre un matelas à poils dans les étoiles
Dans un parking glauque à en péter les vitres
Dans les pâquerettes et les plastiques des bords de routes
On l’a fait partout, tout le temps
Comme des damnés qui vont crever
Comme des gamins déglingués qui se font briller
On l’a fait partout et après on est rentrés chez nous
On s’est évaporés comme ça dans une buée
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Par jlmi le 30 Juillet 2023 à 00:35texte de bruno toméra collage jlmi 2014
Il y a ceux
qui se pétrifient dans des lits qu'on croirait des radeaux
échoués sur des interprétations inachevées
quand le monde tempête l'inexprimé
Il y a ceux engloutis
par des nuits froides
qu'elles gèlent toutes paroles
on ne les entend jamais
et ils s'en foutent de toute façon
Il y a ceux qui voudraient couper le fil des jours
mais ils ont peur de dégringoler
ou peur de s'envoler
Il y a l'autre qui
boit une bière en boite
en matant le cul des filles comprimé dans des jeans rapiécés
et se dit que l'amour ne sait autant se déhancher
Il y a Eliana qui
du haut d'une tour HLM
suspend ses grimaces à l'intérieur d'une vitre
et elle voudrait traverser son reflet
Il y a un très vieux souriant
qui regarde jouer les enfants
en se disant qu'il va être temps
de lâcher le guidon à ces jeunes remplaçants
Il y a Elle ondulante sur une piste de danse
qui s'exerce à combler le vide des sentiments
avec un peu de prestance elle sera au top
dans la mise en scène des apparences
Il y a un fou à Varsovie
qui frotte le flou des morceaux de sa vie
dégoulinés de ses lunettes embuées
il écrit le télégramme de son existence
avec l'encre de la dernière pluie
Il y a elle il y a lui
qui se tiennent serrés dans un coin de la nuit
quand la multitude vous est hostile
le nous est une île
où il est bon de se reposer
Il y a vous, il y a moi
Il y a ceux qui ne savent de chez eux
que le bord d'eux même
et ne le franchiront jamais
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Par jlmi le 29 Juillet 2023 à 00:27
texte & illustration jean-louis millet
Dans la torpeur torride de torrentielles tropiques
la Dame Aveugle à la peau d’éponge
exclue des esclandres exclamatoires
invente des lueurs pour éclairer mes ténèbres.
Cathédrale barbare ceinte d’ombre,
Aruspice de mes délices,
Dame Noire de mes plus fous espoirs
Dame Blanche de toutes mes avalanches
ou Dame Rouge de tout ce qui me bouge,
elle m’empêche de dormir dans mes pâles évidences
sous les arbres glabres aux bruits de sanglots.
Elle souligne la mer de la nuit rose d’un horizon très proche
et déploie mes ailes d’oiseau ivre.
Sur un tapis de gazon bleu
sous une lune couleur de sang
la tristesse d’eau d’un chœur d’enclumes
m’envole au-dessus du vent clairvoyant.
Me voici tout soudain parti tra la li
saupoudrer de terre avinée
les seins dansants des Femmes Arc en Ciel
gorgés des froideurs du soleil de minuit
sous une pluie à ne pas jouer dehors.
Elles sont là fuégiennes fugaces parées de fuchsine
comme henné face à leurs amants, futiles et délirants tatoueurs
aux doigts de fuchsia aiguille...
Tout aussi soudain me voici revenu tra la li lu
Alors la Dame Aveugle à la peau d’éponge
m’échoue loin, très loin,
loin des chambres inabstraitables de passé obscur,
loin des eaux cendres d’un tendre bois consumé
là où tout finit par dispar-être.
Le soleil est nu ; la lune aussi.
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