• l'oeil & la plume...  le calmant

    texte & toile  Marie Laurencin   (la prisonnière)

     

     

    plus qu'ennuyée

    triste

    plus que triste

    malheureuse

    plus que malheureuse

    souffrante

    plus que souffrante

    abandonnée

    plus qu'abandonnée

    seule au monde

    plus que seule au monde

    exilée

    plus qu’exilée

    morte

    plus que morte

    oubliée

     

    Barcelone 1917

     

     


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  • l'oeil & la plume... Blues

    texte & photo André Laude

     

    À Marsiho

    l'été est froid

    l'hiver est chaud

    les assassins sont beaux

    et les saints

    trafiquent la coco

    à Marsiho

    on y trouve des ciseaux

    des sœurs jumelles

    des frères gémeaux

    d'incroyables forbans

    qui ne croient pas au ciel

    des amantes des amants

    des prisons des bordels

    des gredins des hirondelles

    et de très vieux mendiants

    qui n'ont plus que la peau et les os

    et qui mangent des épluchures

    en pissant libres contre les murs

    effaçant « défense d'afficher »

    un jour j'arriverai à Marsiho

    avec mes barons mes archers

    mes capitaines fidèles

    les femmes me feront escorte

    avec leurs beaux grands yeux d'amour

    j'entrerai par la plus grande porte

    vêtu de mes plus beaux atours

    ce sera fête        fifres et tambours

    guideront vers ma couche parfumée

    celle que moi Jaufré Rudel

    je cherche depuis toujours

    d'Arles en Palestine occupée

    la dame de mes pensées

    ma dame bien-aimée.

     


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  • Image1.jpg
    texte de fanny sheper                                                           photo de jlmi  2012
     

     

    Qu’est ce qu’on n’a pas fait comme cochonneries tous les deux

    On pouvait pas s’empêcher

    Dans les hautes herbes perdues dans les branches

    Contre un mur accroché aux antennes

    Au pied d’une poubelle la tête dans  les bijoux

    Sur un banc gribouillé tout en haut des néons

     

    On s’est rependus un peu partout

    On se promenait dans les villes

    Les mains sales de délices et  les yeux juteux

    On s’enveloppait tout le temps comme des nuages

     

    Ton jean en tire bouchon et ma culotte au plafond

    C’était rigolo

    Dans un lit qui grimpe aux rideaux décoiffés

    Contre un pylône les orteils dans les fils électrifiés

    Dans un vieux sofa rouge et profond comme la mort des amants

    Sur un plancher penché les cheveux mouillés

    Dans le sable les doigts salés

     

    On l’a fait mille fois partout

    Comme des obsédés qui vont trépasser

    On s’est écarquillés, on s’est entremêlés

    Comme les derniers dingues d’une dynastie effondrée

     

    On  l’a  fait

    Cachés dans un zoo près des papillons

    Dans les toilettes d’un bus bondé

    A califourchon dans une forêt poilue

    Sur un vieux lavabo qui boitait

    Sur une peau de vache dans l’étincelle d’un crépitement

    Contre un  matelas à poils dans les étoiles

    Dans un parking glauque à en péter les vitres

    Dans les pâquerettes et les plastiques des bords de routes

     

    On l’a fait partout, tout le temps

    Comme des damnés qui vont crever

    Comme des gamins déglingués qui se font briller

    On l’a fait partout et après on est rentrés chez nous

    On s’est évaporés comme ça dans une buée

     


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  • coupleîle 02contrastcoloriz.jpg
    texte de bruno toméra                                                          collage   jlmi  2014

     

    Il y a ceux 

    qui se pétrifient dans des lits qu'on croirait des radeaux

    échoués sur des interprétations inachevées

    quand le monde tempête l'inexprimé

    Il y a ceux engloutis

    par des nuits froides

    qu'elles gèlent toutes paroles

    on ne les entend jamais

    et ils s'en foutent de toute façon

    Il y a ceux qui voudraient couper le fil des jours

    mais ils ont peur de dégringoler

    ou peur de s'envoler

    Il y a l'autre qui

    boit une bière en boite

    en matant le cul des filles comprimé dans des jeans rapiécés

    et se dit que l'amour ne sait autant se déhancher

    Il y a Eliana qui

    du haut d'une tour HLM

    suspend ses grimaces à l'intérieur d'une vitre

    et elle voudrait traverser son reflet

    Il y a un très vieux souriant

    qui regarde jouer les enfants

    en se disant qu'il va être temps

    de lâcher le guidon à ces jeunes remplaçants

    Il y a Elle ondulante sur une piste de danse

    qui s'exerce à combler le vide des sentiments

    avec un peu de prestance elle sera au top

    dans la mise en scène des apparences

    Il y a un fou à Varsovie

    qui frotte le flou des morceaux de sa vie

    dégoulinés de ses lunettes embuées

    il écrit le télégramme de son existence

    avec l'encre de la dernière pluie

    Il y a elle il y a lui

    qui se tiennent serrés dans un coin de la nuit

    quand la multitude vous est hostile

    le nous est une île

    où il est bon de se reposer

    Il y a vous, il y a moi

    Il y a ceux qui ne savent de chez eux

    que le bord d'eux même

    et ne le franchiront jamais

     


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  • l'oeil & la plume... le soleil est nu...

    texte & illustration jean-louis millet

     

     

    Dans la torpeur torride de torrentielles tropiques

    la Dame Aveugle à la peau d’éponge

    exclue des esclandres exclamatoires

    invente des lueurs pour éclairer mes ténèbres.

    Cathédrale barbare ceinte d’ombre,

    Aruspice de mes délices,

    Dame Noire de mes plus fous espoirs

    Dame Blanche de toutes mes avalanches

    ou Dame Rouge de tout ce qui me bouge,

    elle m’empêche de dormir dans mes pâles évidences

    sous les arbres glabres aux bruits de sanglots.

    Elle souligne la mer de la nuit rose d’un horizon très proche

    et déploie mes ailes d’oiseau ivre.

    Sur un tapis de gazon bleu

    sous une lune couleur de sang

    la tristesse d’eau d’un chœur d’enclumes

    m’envole au-dessus du vent clairvoyant.

    Me voici tout soudain parti tra la li

    saupoudrer de terre avinée

    les seins dansants des Femmes Arc en Ciel

    gorgés des froideurs du soleil de minuit

    sous une pluie à ne pas jouer dehors.

    Elles sont là fuégiennes fugaces parées de fuchsine

    comme henné face à leurs amants, futiles et délirants tatoueurs

    aux doigts de fuchsia aiguille...

    Tout aussi soudain me voici revenu tra la li lu 

    Alors la Dame Aveugle à la peau d’éponge

    m’échoue loin, très loin,

    loin des chambres inabstraitables de passé obscur,

    loin des eaux cendres d’un tendre bois consumé

    là où tout finit par dispar-être.

    Le soleil est nu ; la lune aussi.

     


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