• l'oeil & la plume... les oiseaux dans le ciel de Gaza

    l'oeil & la plume...  les oiseaux dans le ciel de Gaza

    texte de Gharib  Asqalani                                                            ill. jlmi  2020

     

    Il n’y a pas d’oiseaux dans le ciel de Gaza,

    aucun vent ne porte les plumes de leurs ailes,

    aucune brise n’apporte la senteur des saisons.

    Les saisons : portes de sang à l’infini.

    A Gaza, l’air est lourd

    triste

    pollué

    occupé.

    Les gens ne considèrent plus les corbeaux

    et les hiboux comme les oiseaux de malheur,

    les corbeaux noirs ont abandonné les cimes des cyprès et ont cessé de croasser,

    les hiboux ne trouvent plus dans les arbres

    assez d’obscurité pour s’y réfugier pendant le jour,

    les ailes des chauves-souris se sont déchirées

    à cause des débris d’explosions.

    A toute heure, les avions bourdonnent dan l’espace,

    filment ce qui se passe sur le sol,

    enregistrent les mouvements des gens,

    même dans leurs chambres à coucher,

    sur les pauvres tables des déjeuners.

    A Gaza,

    la situation annonce une nudité forcée,

    sans honte ni scandale,

    sinon celle des Israéliens,

    à chaque instant,

    tous les jours,

    il n’y a de présence que pour les hurlements des Apache,

    des F16 et des Cobra, s’il y a lieu.

    Dans les airs, la mort guette les gens,

    les bêtes,

    les oiseaux,

    les maisons,

    l’asphalte des rues qui ne sont plus goudronnées.

    Le gibier c’est un enfant 

    un homme 

    une femme 

    une ruelle qui dort sur sa faim,

    ses blessures et ses morts.

    L’assassinat à Gaza est devenu un rite

    quotidiennement renouvelé qui dispense son éclat,

    l’assassiné 

    le martyr ferme ses paupières dans un repos éternel

    sans se demander si ses membres se sont dispersés ou ont éclaté.

    La situation à Gaza c’est le siège.

    La situation c’est la mort et les questions à propos d’une patrie.

    La situation à Gaza c’est la recherche d’une fleur

    dans les méandres des cauchemars,

    un archet et un rebab (*) qui laissent fuser un air fissuré sur une corde cassée 

    fixée.

     

    (*) le rebab est un instrument de musique à cordes frottées

     


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