• l'oeil & la plume... interlude

    texte de cécile coulon                                    ill. jlmi2020 sur traits de pur rien

     

     

    Ce visage endormi que tes yeux éclaboussent
    de ce bleu si profond où la nuit
    je ramasse
    ce qu’il faut de trajets de tes lèvres
    à ma bouche
    pour pouvoir le matin s’arrêter
    se suspendre au bord
    du temps qui passe
    comme deux grands oiseaux
    alourdis par la pluie
    font sécher au soleil
    leurs plumes d’oreillers.

     

    in  Les Ronces, 2018

     

    pur rien

     


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  • l'oeil & la plume...

    texte de thierry lancien                                photo christophe millet

     

    La mer en déraison

    ici

    à la pointe de l’Enfer,

     

    ou encore

    à l’assaut des Saisies.

     

    Le jour

    s’est perdu,

    le jour

    se retourne dans du gris.

     

    A Kervédan, à Quelhuit,

    du vert qui perd sa couleur,

    gorgé d’eau

    dans l’impossible lumière.

     

    Le destin d’un île

    suspendu à la force des vents.

     

     

    in A l’Index n°37   2018

     

     

     


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  • l'oeil & la plume... quel maçon...

    texte de barbara le moëne                                                          ill. jlmi  2020

     

     

    Quel maçon

    construirait une maison

    à un seul mur

    un mur

    – qui plus est –

    ne serait que baie

    ouverte sur la mer

    – immense et une –

    une vitre sur la mer

    l’eau

    ouverte

    sur l’eau

     

    publié dans ND n°65 janv. 2020

     


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  • l'oeil & la plume... le rituel breton (extrait)

    texte de Xavier Grall                                   photo. jlmi  Ploumanac'h St Guirec

     

    Bretagne, ma demeure
    il faut que survive
    le kyrie dans ton âme de sel
    idem, il faut jeter au ciel
    la drisse
    des piétés et des miséricordes
    idem il faut poursuivre les troménies
    dans la croyance des bocages
    idem relire les portulans
    il le faut
    idem faire son évangile
    de la pensée du soleil
    il le faut.

    Et cependant, mère, aber
    dans le suaire des grèves
    roulent
    des monceaux de chiens et d’enfants.

    J’ai vu dans tes abysses
    errer les cerveaux et les poulpes
    Ah quand ressusciteront les ossuaires pourrissants
    dans le soleil des baies ?
    Ah quand reviendront mes amis morts
    ah quand reviendront mes chevreuils massacrés
    mes chevaliers mes disparus mes trépassés ?
    Ah quand dans les monts d’Arrée
    surgiront les cèdres du Liban
    les jasmins, les cyprès ?

    Ah quand reviendront les poulains en fleurs
    dans les féeries des colzas
    et le bagad de Pâque à Tronën et à Lanmeur ?

    Mais moi je te chante, mon pays
    avec tes morts et tes vivants
    et tes coques de pin et tes cargos de fer
    je te chante, moi, Grall Xavier Marie
    je te chante pour ta folie
    pour tes bagages de rêves
    pour tes Chouans, ô ma Celtie.

    Il faut chaque jour gagner sa légende
    il faut chaque jour célébrer la messe de l’univers.

    Je te chante avec ma bouche dans la bouche de tes vents
    je te chante avec ma main dans la main de tes landes
    je te chante, moi, Grall Xavier Marie
    pour la liturgie de tes focs et la charité de tes misaines
    pour tes marins perdus pour tes grèves de laine
    et tes puissantes houles et tes doux paradis.

     

     


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  • l'oeil & la plume... se frotter

    texte de cathy garcia                                              sculpture  janusz jurek

     

    se frotter au crin de l'âme

    se mettre à vif, s'éplucher

    voir à l’œil nu le brin

    qui s'effiloche et le tirer

    pour voir jusqu'où

    il peut aller

     

    cg in Histoires d'amour, histoire d'aimer

     


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