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texte & collage Cathy Garcia Canélès
Masque sur masque,
à ôter
jusqu’au plus transparent.
Poids après poids,
à déposer...
Tu connais la musique et
tu continues à marcher,
tu continues à chercher
jusqu’à t’élever,
souveraine.
Pierre, sable et ciel,
sublimation de la fêlure.
2024
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texte élise turcotte photo élise turcotte © martine doyon
En novembre, un nouvel incendie a ravagé l’usine des vêtements de l’ouest.
Les neuf étages de l’enfer se sont écrasés sur les ouvriers du pays des terres inondées.
Tu as pris mes os froids entre tes mains, la ruelle était maintenant déserte,
les fumeurs déplacés dans des caves invisibles.
Je pleurais sur des morts inconnus,
j’errais dans de grands centres commerciaux,
surprise par le nombre, surprise,
il n’y avait pas d’automne.
Décembre a commencé la peau tirée sur les paupières,
tirée comme vers hier,
hier sans passé,
des infanticides en série,
des marchandises emballées sous l’arbre à images.
Oublions ce qui s’est passé, oublions que le tueur avait
ciblé des enfants, disiez-vous.
Nous attendions la fin de l’égarement, c’était la démocratie rêvée,
le blanc paysage sous une toiture illuminée.
La vision noire faisait toujours de moi l’ennemi de la poésie, tu réchauffais
mes petits os, le chat transpirait, je ne disais mot, nous étions des multiples,
des nombres carrés de l’amour, mes sœurs, mon frère, mes enfants.
Mes histoires d’animaux muets.
Élise Turcotte, « Les jours », La forme du jour, Éditions du Noroît, 2016.
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texte & photo Jean-Claude Pirotte
quand les soirs gris cendré s'emparent de novembre
et que la lampe est grise et que le cœur est gris
et que vers le couchant les combes se démembrent
entre les longs brouillards qui préparent la nuitnous gagnons lentement le silence des chambres
où sombrent les secrets des anciens jour de pluie
et l'eau dormante et trouble des miroirs où tremblent
l'ombre des disparus et l'ivoire des litsnous peuplons nos décors de fantômes et d'âmes
étranges sans savoir qu'ils nous sont fraternels
nous redoutons d'entendre un impossible appelet craignons de surprendre un reflet qui révèle
cette obscure présence insistante des mânes
dont le souffle nous frôle et l'exil nous alarmein La boîte à musique / veilleurs
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texte Margaret Atwood ill. La fenêtre - Paul Delvaux 1936
J'ai construit cette fenêtre;
elle est posée au milieu de la pièce
Sur les bords elle ressemble
exactement à une fenêtre;Dessus je vois
une rue, un trottoir, un coin bleu
où les oiseaux s'envolent comme les images saccadées
des bobines de film,les maisons dans lesquelles j'ai vécu
découpées dans des magazine
alignées, les unes
à côté des autres;figurines en carton
de moi-même, étrangement petites
posées debout sur chacune des pelouses
et me tournant le dos.Qui m'a laissée ici ? Qui m'a donné
ces ciseaux ? Je rêve
toujours de m'échapper.
Rien ne s'ouvre,
je ne sais pas à qui pardonner.in Laisse-moi te dire - Poèmes 1964-1974
traduit de l'anglais (Canada) par Christine Évain
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