-
texte & illustration Ana Minski
Ses yeux, sa voix, son sourire, ses gestes me harcèlent.
Son absence est une présence obsédante.
Possédée, marquée, tenue en laisse...
Les souvenirs m'empêchent de dormir
De penser, de manger, de rire.
Toute compagnie m'est devenue insupportable.
Je me fuis moi-même.
Marchant le jour, marmonnant la nuit.
Qu'a t-il éveillé en moi ?
Insomnies, maux d'estomac, relents de marécage, sable mouvant, étouffement, déchirement, manque, vide, soif d’infini inassouvie.
Mon quotidien n'a plus de sens
Mon quotidien est d'un ennui mortel.
Illusions, visions, hallucinations ?
Mon ombre est l’éclat de son fantôme venant vers moi.
Quel poison pourrait donc l'extraire de mon corps ?
J'invoque l'oubli !
Des breuvages de sorcières, pour avorter cette douleur, l'extraire définitivement de toutes les cellules et pensées qui composent mon corps.
J'invoque l'oubli !
Baies de chèvrefeuille, d’arum, d'hièble, de cornouiller, armoise et ciguë.
J'invoque l'oubli !
Face au miroir
Je me crache au visage
m’entaille la bouche
me griffe les joues
J'invoque l'oubli !
Je suis vulgaire violente vieille puante haineuse hargneuse infréquentable.
J'invoque l'oubli ! Face au miroir
Je l’insulte, le piétine, le boxe, le taillade...
Mon cœur se tord de douleur et de honte
Mon ventre est un abîme tourmenté qui se déverse
Je le vomis
Je le pisse
Je le chie
Qu'il crève, et toute la société avec...
Un sang maronnasse coule de mes yeux, de ma bouche, de mes narines, de mon nombril, de mon sexe. Tas de viande suffocant sur un carrelage froid. Jusqu'à quels extrêmes m'auront conduit ces sentiments !
Succomber à une telle fumisterie !
L’amour, mon cul !
On ne m'y reprendra plus !
paru in Behigorri n°4
-
Commentaires
contente de voir Ana ici !!!!