•  

    [Verse 1]
    My heart
    Floating down the stream
    To nowhere
    To nowhere

    My heart
    Bury me in sea
    In the waves I belong
    In the waves I belong

    [Chorus]
    Solitude
    Away I sail
    Away I sail
    This common life is not for me

    Solitude
    My coffin nail
    To you I hail
    This common life is not for me

    [Verse 2]
    My heart
    Lay the body soft
    At twilight
    At twilight

    You might also like

     

    And our heart
    Mourn the death of days
    We had the nights
    We had the nights

    [Chorus]
    Solitude
    Away I sail
    Away I sail
    This common life is not for me

    Solitude
    My coffin nail
    To you I hail
    This common life is not for me

     

    [Verse 1]
    My heart
    Floating down the stream
    To nowhere
    To nowhere

    My heart
    Bury me in sea
    In the waves I belong
    In the waves I belong

    [Chorus]
    Solitude
    Away I sail
    Away I sail
    This common life is not for me

    Solitude
    My coffin nail
    To you I hail
    This common life is not for me

    [Verse 2]
    My heart
    Lay the body soft
    At twilight
    At twilight

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    And our heart
    Mourn the death of days
    We had the nights
    We had the nights

    [Chorus]
    Solitude
    Away I sail
    Away I sail
    This common life is not for me

    Solitude
    My coffin nail
    To you I hail
    This common life is not for me

     

     

     

     

     


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  • texte & photo René Depestre

     

     

     

    À sa femme il dit qu'il allait

    faire un tour

    Et il est sorti

    Avec dans l'âme

    le soleil bien moulé de sa Jessie,

    Et dans sa tête,

    Une idée fixe comme la faim d'un loup.

    Il est sorti.

    D'un côté de son cœur,

    Dormait un enfant

    Comme doivent dormir

    Les petites fleurs au printemps

    De l'autre côté de son cœur,

    Une idée fixe pointait ses yeux

    affamés de loup.

     

    Il est sorti.

    Avec dans l'âme,

    Ses nuits d'amour en un seul bûcher,

    Et en guise de main droite,

    Le museau éveillé d'un loup.

     

    Il a marché longtemps

    Quand il est rentré après minuit

    Le corps de Jessie est toujours

    Au fond de son âme,

    Le même petit jardin suspendu,

    Sa fillette est toujours,

    À l'aile droite de son cœur,

    La même petite fleur endormie de printemps,

    mais le loup qu'est la main droite

    N'a plus ses poils hérissés de faim.

     

    Comme je passais sur la grand' route

    Une étoile m'a dit

    Qu'à cent mètres de là

    Un nègre

    Brûle sa dernière goutte de

    sang sous les étoiles.

     

     

     


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  • texte Jean-Jacques Camy                          ill.jlmi 2024 d'après  Seurat

     

     

    Tous ces hommes

    la tête penchée en avant,

    observant l’eau qui remue

    doucement,

    en contrebas du parapet.

     

    Tous ces hommes,

    n’observant rien, en fait,

    la tête penchée en dedans

     

    Tous ces hommes qui espèrent

    que les heures passées

    à contempler le courant

    éloigneront un peu la souffrance,

    de la résiliation.

     

    Tous ces hommes,

    la tête penchée en avant,

    qui n’espèrent rien, en fait,

    et qui noient leurs regards en contrebas,

    plutôt que de s’y voir plonger eux-mêmes.

     

    Tous ces hommes

    qui cachent leurs peines

    au hasard des flots,

    ne se consolant jamais vraiment

    de la perte de l’aimée.

    Ils ne remarquent même pas

    les couleurs étranges du ciel

    à l’humeur malade

    qui flamboie à l’horizon.

     

    Absorbés tout entier,

    jamais les yeux au ciel

    ils ne lèvent,

    par peur de la lumière

    qu’ils redoutent,

    et qui les écorcherait.

     

     

    Paru dans ND 78

     

     


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  • texte William Shakespeare                                            ill. jlmi 2024*

     

    Demain, puis demain, puis demain
    Les jours à petit pas glissent de l’un à l’autre
    Jusqu’à la dernière syllabe du registre du temps;
    Et tous nos hiers ont éclairé pour des fous
    Le chemin de la mort poudreuse.
    Eteins-toi courte flamme!

    La vie n’est qu’une ombre en marche, un pauvre acteur
    Qui se pavane et se démène une heure durant sur la scène.
    Et puis qu’on n’entend plus: c’est un récit
    Dit par un idiot, plein de bruit et de fureur.
    Et qui ne signifie rien.

     

    *d'après une image internet

     

     


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  • l'oeil & la plume...

    texte Yasunari Kawabata                                                ill. jlmi 2024

     

     

     

    « Regardez ! Voyez ce qu'elle est devenue. Combien elle aurait aimé vous revoir une dernière fois ! », prononça la mère de sa femme en le conduisant à la chambre d'un pas précipité. Tous ceux qui se trouvaient au chevet de la morte levèrent en même temps leur visage pour le fixer.

    « Donnez-lui sa dernière joie de vous revoir », poursuivit la mère en s'apprêtant à enlever le linge blanc qui couvrait le visage de cette morte qui était sa femme.

     

    Alors soudain il laissa échapper des mots qui le surprirent lui-même :

     

    « Non ! Attendez… Ne pourriez-vous pas me laisser la regarder seul ? … Me laisser seul avec elle dans cette chambre ? »

     

    Ces mots avaient produit une sorte d'émotion parmi les parents de sa femme. Ils quittèrent les lieux en faisant glisser délicatement les panneaux qui fermaient la pièce.

     

    Il enleva le linge blanc.

     

    Le visage sans vie de sa femme était figé avec une expression douloureuse. Entre les deux joues creusées, pointaient les dents dont la couleur s'était altérée. la chair de ses paupières s'était desséchée et collait sur les yeux. sur le front apparaissaient les nerfs, pétrifiés dans la souffrance.

     

    Il contempla ce visage hideux de la morte et resta un long moment immobile.

     

    Puis, avec ses deux mains tremblantes qu'il porta sur les lèvres de sa femme, il tenta de lui fermer la bouche. Les lèvres se fermèrent sous la pression, mais une fois les mains enlevées, s'ouvrirent de nouveau mollement. Il les ferma encore une fois. Elles s'ouvrirent de nouveau. Il répéta sa tentative encore et encore, maintes fois, et ce faisant, constata que les lignes dures autour de sa bouche avaient commencé à s'atténuer.

     

    Il sentit alors monter comme une passion au bout de ses doigts. Il voulut alors adoucir l'expression austère des nerfs de la morte et se mit à frotter son front de toutes ses forces. ses paumes étaient devenues brûlantes.

     

    Ainsi manipulé, le visage de la morte semblait avoir trouvé une nouvelle expression, et il resta de nouveau immobile à la contempler.

     

    « Vous devez être fatigué après votre voyage en train. Il faut que vous preniez votre déjeuner et que vous vous reposiez », dirent la mère et la sœur de sa femme en entrant dans la pièce.

     

    « Oh ! », fit la mère en fondant soudain en larmes :

     

    « L'âme humaine est redoutable. Elle n'avait pas réussi à mourir complètement avant de vous voir rentrer de voyage. C'est vraiment étrange ! Il a suffi que vous vous penchiez sur elle, pour que son visage change et retrouve toute sa sérénité. — Vous avez fait ce que vous pouviez, et il faut se consoler avec ça. C'est tout ce qu'elle souhaitait. »

     

    Les yeux de l'homme avaient quelque chose d'hagard, mais la sœur de sa femme posa sur eux un regard tellement beau, tellement limpide comme il n'en existe pas en ce monde. Puis elle s'effondra en sanglots.

     

     

     


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