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l'oeil & la plume... Uluru
texte werner lambersy collage jlmi 2013ULURU
ou ce que dit le didjeridoo
Tu as le rêve d'Uluru
La montagne peinte en rouge
Pour la danse rituelle des mondes
Toi que des ancêtres nus
Et des âmes sans corps
Rêvent et envisagent
Pour être dans les transes du sommeil
Et non dans l'oubli de la mort
Tu es le rêver d'Uluru
Montagne sainte et ronde
Comme l'œil du soleil
Au milieu de désert
Ou la lune par les nuits
Froides et sans paupières
De l'univers
Quand l'abîme sans bord
A rêvé qu'Uluru
Serait enceinte des cycles et des âges
Tu es l'éclat de verre
Du miroir où se cachent
Les défunts
Qui te rêvent
Sans voir
Eux qui songent
Au miroir des miroirs
Où se sont engendrés
Les mensonges du rien
Et l'image d'un corps
Que l'absence
A creusé
Dans les débris du feu
Et la fuite
Utérine des astres
Tu es l'ombre
De l'ombre d'une nuit
Comme soudain
Fleurit le sable
Sous l'averse ou l'ozone
A la suite de l'éclair
Uluru
T'as rêvé
Et tu rêves
Uluru
Ici à Paris
Où les hommes pèsent si peu
Qu'ils ne rêvent jamais
Les longs rêves patients
De la pierre
Là-bas dans la grande île sèche
Uluru dort
Et tu dors
Dans Uluru la porteuse
Maternelle de l'ocre semence
Des crépuscules
Où tu agites
Ton ombre
Là-bas sur la Grande Terre
Où tu n'es pas quelque chose
D'isolé mais un morceau non détaché
Du cordon ombilical
Des millénaires en cours
Là-bas Uluru dort
à ta place
et remplit le contrat initial
de rêver l'essentiel
Et son nombril est un tunnel d'étoiles
Vers l'âme unique de la matière
Et l'œil humide de l'amour
Alors écoute ici à Paris
Où les hommes sont tellement sourds
Qu'ils ont besoin de livres
comme des bouées qu'on lance dans le bruit
Ecoute
Ce que là-bas
Dit le didjeridoo
Quand l'homme à la peau
Peinte en rouge
Pour la danse féconde des jours
Arrache de sa bouche
Le grand brame doux
Et la giclée sonore
Du sperme de son souffle
Ecoute ce que disent
Les talons bien rythmés
De tes frères et soeurs
Dans la chaîne de la genèse
Et la poussière qui retombe
En silence sur leurs pas
Comme d'un tambour à l'autre
Des galaxies
Quand les tambourinaires de la lumière
Se répondent par-dessus
La forêt des ténèbres
Uluru est en toi
Et tu es dans le rêve d'Uluru
Dans le sommeil des origines
Et du vide
Que rêve le chaos
Alors ici à Paris où le ciel est un socle
A la beauté des femmes
Et l'air un pavois où hisser
Les héros
Du frisson
Ecoute en toi la chanson d'Uluru
Dont le rêve
Et la force virile
Et l'ovule éternelle
De l'instant
Uluru dort du rêve de ceux
Que l'étincelle d'aimer
A rendu plus légers que l'hoplite
Embarrassé par l'armure
De sa mort
Et la fragilité des genoux
Alors tu poses la pensée
D'Uluru ici à Paris
Dans l'arbre qui s'ébroue
Sous un vol d'étourneaux
Dans le vieux transistor d'un matou
Qui ronronne au soleil
Ou l'écharpe de brume
Autour du cou et sur les épaules
En bitume de la ville
Uluru est partout
Où l'on rêve de remettre
Le compteur de la haine à zéro
Car les mots sont morts de ne pas l'avoir fait
Tu es le rêve d'Uluru
Qui a vu naître la vie
Comme un rêve dont celui qui s'éveille
Se souvient vaguement
Et raconte des bribes au suivant
Ici à Paris
Dans la mémoire
Aborigène d'Uluru
Tu es aussi nu lorsque tu aimes
Que le reflet qui passe
dans les vitres
Où le nuage danse
Sur la Seine
Alors dis-toi
Que tu es
Uluru
Que ton sexe
Est le didjeridoo
Que ta peau
Et les grottes peintes
De ton âme
Résonnent
Des mêmes sons
Reconnus immémoriaux
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