• texte & photo Anne Waldman

     

     

     

    deuxième jour



    le lamantin se trouve dans les rivières basses et lentes

    le lamantin évolue dans les estuaires évolue dans les baies d’eau salée

    le lamantin en mouvement évolue doucement

    le lamantin se trouve dans les canaux et les zones côtières

    le lamantin st un animal migratoire

    le lamantin est doux et lent

    le lamantin évolue lentement dans les rivières lentes

    le lamantin est totalement herbivore

    le lamantin des Caraïbes n’a pas d’ennemi naturel

    le lamantin n’a pas d’ennemi naturel sinon l’homme contre nature

    l’homme avec ses bateaux & son plastique & son attitude

    le lamantin se noie souvent dans les barrages des canaux des hommes

    l’homme qui ne fait aucune concession au lamantin

    le lamantin meurt ans les mécanismes contre les inondations

    l’homme qui ne fait aucune concession au lamantin

    et néglige la vie du lamantin la fortune du lamantin

    le lamantin meurt des collisions avec des embarcations

    l’homme qui ne protège pas le lamantin

    quelle gestion de la terre fait cet homme contre nature

     

     

     


    votre commentaire
  • texte & collage  Liliane Birsinger

     

    Les traces de chaque passage ont scarifié la terre. La mémoire ancestrale mène le troupeau vers un éternel retour. La maîtresse des profondeurs indigo veille. Quand le moment est venu, elle montre aux égarés, aux fugueurs, le chemin pour atteindre l’autre rive. Elle est la gardienne du temple. Elle règne sur les deux monde : le jour, la nuit. La vie, la mort. Sa puissance simple et évidente apaise.

     

     

    Atelier Collage & écriture du 3 mai - Cahors 

     


    votre commentaire
  • texte Imrou al-Qays   (501-565)                                                        jlim 2023

     

    Les ténèbres du soir elle éclaire,
    Comme la lampe d’un ermite en son refuge nocturne solitaire. 

    C’est pour sa pareille, qu’à l’âge de raison, le jeune homme éprouve une tendre passion,
    Quand, entre robe de fillette et chemise de jeune fille, elle est devenue nubile, 

    L’homme mûr de ses aveugles amours de jeunesse finit par faire son deuil,
    Mais mon cœur de sa folle passion pour toi refuse de faire le sien.

    Souvent, des opiniâtres querelleurs, me prodiguant
    De bons conseils te regardant, j’ai repoussé les blâmes incessants !

     

    Souvent, la nuit, comme de la mer les vagues, a déferlé ses voiles
    Sur moi, lestées de maint tourment pour m’éprouver. 

    Je lui disais, chaque fois, quand, allongeant l’échine, 
    Le poitrail déjà lointain, elle faisait voir sa croupe, enfin : 

    Ô longue nuit ! Ne te dissiperas-tu donc pas afin que resplendisse
    Le matin, encore que le matin ne vaille pas mieux que toi ! 

    Quelle formidable nuit que toi dans les étoiles paraissent 
    Comme attachées aux roches sourdes avec des cordes en lin !

     

     

    Traduit de l’arabe par Heidi Toelle in Les Suspendues, Flammarion, 2009.

     


    votre commentaire
  • texte & photo Hubert-Félix Thiéfaine

     

    nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire
    d’imaginer nos yeux de chiens hallucinés
    nous n’avons plus le temps pour les larmes & les rires
    plus le temps d’éviter à nos corps de sombrer
    les rats inoculés ont quitté l’arrière-cour
    & les mouches tombent avant de goûter aux festins
    quand de joyeux banquiers cherchent un nouveau tambour
    pour battre le retour du veau d’or clandestin

     

     

    merci cg

     


    2 commentaires
  • texte Herman Hesse                                                                   photo X

     

    Très ancienne statue de Bouddha se décomposant dans les gorges d'une forêt japonaise

     

    Les traits adoucis et plus maigres en proie aux pluies

    et aux gels recouverte d'une mousse verte,

    tes joues tendres, tes larges paupières entrouvertes

    rejoignent leur but ultime sans faire de bruit,

    délabrements consentis, décomposition

    dans l'univers, dans l'espace aux frontières ouvertes.

    Ton geste qui s'efface lentement révèle

    l'ancienne noblesse de ta royale mission.

    Dans la boue, la terre, l'humidité nouvelle,

    sans forme, il accomplit sa signification.

    Il sera racine, murmure dans le feuillage

    et il sera l'eau reflétant un ciel serein,

    il sera volute, lierre, algue, fougère sauvage,

    image du changement dans l'unité sans fin.

     

     

     


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique