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Par jlmi le 14 Juillet 2023 à 00:06
poème-nom, Cree ill. jlmi 2023
Il s’interrompait aussitôt au milieu
d’une phrase, s’il entendait
des bruits d’écureuil.Et il savait sous quel arbre attendre
les écureuils. Même s’il sortait
dans l’obscurité
il savait quel arbre se ferait entendre
avant que les écureuils y soient arrivés !Je me souviendrai toujours de cela, incompréhensible
aussi aux autres : il s’arrêtait de pagayer
presque au centre d’un lac à poissons
pour écouter. En silence. Il ne parlait pas du tout
simplement il se rongeait les doigts
avec ses dents
pour me prévenir qu’il avait entendu un écureuil.Je savais qu’il souhaitait que les os de ses doigts
fussent des noisettes !À cette distance dans le lac je pouvais bien entendre
s’égoutter les pagaies
mais nul bruit d’écureuil.Cependant je voyais un écureuil s’éveiller
dans son visage, chaque fois que cela arrivait.
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Par jlmi le 13 Juillet 2023 à 00:25
texte & photo Heptanes Fraxion
mon esprit est un chien
ni ciel ni terre ni ciment juste mon souffle dans les champs vides qui craquent comme des canettes comme des coquilles
il fait vraiment bon ce soir
la vie et le temps ne se percutent pas en me laissant des cicatrices
dans la vallée l'air frais qui circule me régale
le vieux raciste alcoolisé a réussi à choper le dernier bus
les artistes et les avocats ont arrêté de frimer
l'institutrice qui voulait se faire des amis sans pour autant tomber enceinte est rentrée chez elle
il n'y a donc plus personne pour venir tout gâcher en ouvrant sa gueule
plus personne à fuir ou à faire fuir
il fait vraiment bon ce soir
mon esprit est un chien
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Par jlmi le 11 Juillet 2023 à 00:08
texte & photo Yvon Le Men
S'il vient sauras-tu le prendre le navire annoncé par les
cinq océans
Sauras-tu éviter les vagues qui viennent mordre le rivage
L'écume dans la gueule blanche à faire reculer la nuit
Pour que le jour ne s'achève jamais
Pour que tu ne te reposes plus
Il y a tant à faire sous le soleil
S'il vient sauras-tu l'ennoblir ce bateau
Décroche un croissant de lune
Et voici une coque longue et fine comme une goélette
Taille quelques rayons de soleil
Et voilà un fier trois-mâts qui relève la tête
Saisis une étoile filante en vol
Et tiens bon la barre aux cinq épines de lumière
Déchire la queue d'une comète
Et mets toutes voiles de feu dehors
Vers le
Nord
Au pays des couleurs bleues où la neige est blanche
Où les troupeaux de rennes traversent les vallées qui
descendent dans les fjords
Nous donnant la mer à la bouche
Vers le
Nord où vagabondent les poésies
Qui nous entraînent dans les pays du beau et du bon
Pars comme se baladait le nain sur l'oie sauvage
Tu prendras le premier oiseau qui dépliera ses ailes devant
ta maison
Ses plumes racontent que dans le froid il y a une odeur de
cheminée
Une main qui désire la tienne
Des moufles en laine de toutes les couleurs qui galopent
sur la prairie
Écoute le chant des bâtisseurs de cathédrales
Leurs voix maçonnent des fenêtres dans nos cœurs
Leurs mains nous montrent les épaves des châteaux de
sable
S'agenouillant à la marée
Implorant la princesse à la robe d'écume
Pour qu'elle revienne du nouveau monde
Nous raconter des histoires à dormir debout contre la vie
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Par jlmi le 9 Juillet 2023 à 00:49
texte Tristan Cabral ill. e dante
j'ignore où je suis né mais une chose est sûre
le château était plein de passages obscurs
la nuit portait des fers et partout il régnait
une odeur de charnier toujours renouvelée
aucun soleil jamais ne perçait les feuillages
et jamais je n'ai vu que des yeux sans visage
c'est là que j'ai vécu de très longues années
à la lueur des torches que quelqu'un allumait
je passais mes journées dans de grands ossuaires
à lire de très vieux livres et d'étranges glossaires
je n'ai le souvenir d'aucune voix humaine
ni d'autre figure pas même la mienne
je n'essayais jamais de parler à voix haute
et quand ma voix venait c'était celle d'un autre
aujourd'hui je n'habite que des pays de lune
je vis parmi les tombes dans la vallée des Rûnes
je sais que pour toujours je suis un être informe
étranger parmi ceux qui sont encore des hommes
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Par jlmi le 8 Juillet 2023 à 00:46
texte & photo André Laude
Cette chose très douce et très tendre
faite d'odeurs et de linges brûlants
qu'on nomme la femme
et qu'il me faut meurtrir
d'une caresse à peine ébauchée
dans la clarté aveugle du désir
Elle est la source frêle
d'où monte encore plein de sang
Au milieu d'un grand cortège d'ailes
l'astre fugitif de l'oubli
la haute mer pacifiée l'été épanoui des sens
Dieu insaisissable dans toute sa magnificence.
in Entre le vide et l'illumination
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