• texte & illustration Laurent Millet

     

     


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  • texte & collage L.

     

    Pourquoi l’espoir arrive-t-il toujours à sortir du néant et de la désolation ?!

    La terre se dessèche, devient un tas de cailloux. Infertile, elle ne produit plus que des ouragans arides. Mais devant cette éternité annoncée, l’esprit part en escapade du côté de l’enfance. Et avec une force insoupçonnée provoque la fracture de la croûte terrestre, déchire le ciel menaçant et fait apparaître des couleurs éclatantes. 

     

    Atelier Collage & écriture du 1er février 2023 - Cahors

     

     


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  • texte Cathy Garcia Canélès                                       collage Catherine X

     

    Du chaos originel, naît un incendie à l’incandescence inconcevable. Dans le grand chaudron tellurique se forme alors un diamant incomparable : la première femme qui de ses premières larmes donnera naissance à la mer, berceau de toute vie.

     

    source :  Atelier Collage & écriture du 3 mai - Cahors

     

     

     


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  • texte Jean-Louis Millet                                    toile  Rafal Olbinski

     

    C’était Florence.

    En cette semaine de juin, la chaleur était écrasante. Le thermomètre d’une pharmacie de la via Cavour avait indiqué trente huit degrés Celsius à l’ombre des hautes bâtisses du centre ville. Cela n’empêchait pas les étrangers déjà nombreux pour la saison de déambuler dans un intense désordre, mus par une frénésie consumériste culturelle. Devant presque tous les lieux visitables des queues s’allongeaient en s’alanguissant au fur et à mesure de  l’avancement de la journée.

    La palme en revenait sans conteste à la Galleria dell’Accademia assaillie pour le David de Michelangelo Buonarotti. Restauré depuis peu son pied presque cassé avait fait il y a quelques mois la une de la presse internationale. Chaque jour la queue courait le long des murs de la via Ricasoli, jusqu’à ceux de la Piazza Delle Arte pour se poursuivre dans la rue adjacente. Sur les cent cinquante à deux cents mètres du parcours, la ferveur – ou l’impatience ou la bêtise– des amateurs avait couvert les murs de signatures, de prénoms ou de noms de famille, de noms pays, de dates, de dessins, de poèmes dans toutes les langues, sur une hauteur de plus d’un mètre cinquante... Cette queue se formait plus d’une demi heure avant l’ouverture des portes. Elle devenait aussitôt un véritable organisme vivant. Certaines cellules patientaient assises ou allongées sur le trottoir, d’autres flirtaient sans retenues, d’autres encore assuraient le ravitaillement de quelque regroupement en café, viennoiseries ou sandwiches... des colporteuses tibétaines y offraient des foulards chatoyants, des bijoux de pacotilles ou des gilets de fines mailles métalliques, un kiosque ambulant tenu par un autochtone étalait à la convoitise des touristes des souvenirs au goût douteux à l’effigie du David, sous toutes les coutures, dans tous ses détails anatomiques, sur tous types de supports, probablement fabriqués très loin de là... Deux heures d’attente au moins étaient nécessaires dans cette rue devenue impraticable à toute circulation avant de pouvoir se retrouver face au David, ce miracle génial de l’art renaissant florentin, dans une bruyante bousculade pourvoyeuse de toutes les langues de la terre, sous le regard revêche des femmes-cerbères des lieux, aboyeuses hostiles au moindre éclair de flash, tout juste si elles n’exhibaient pas de stridents sifflets... Ambiance.

    Me revint en mémoire ma première visite ici. L’entrée sans attente dans une salle vide de visiteurs. Le très long moment passé dans le vaste hall, assis par terre, à contempler le chef d’œuvre... Quarante années avaient passé. 

    Où était le cocon douillet des années soixante ? ou celui perçu il y a encore cinq ans ... ? La ville était transformée, comme si elle ne s’appartenait plus.

     

    Les marchands italiens si volubiles de la place San Lorenzo avaient été remplacés pour une large part par des commerçants levantins ou indo-pakistanais jouant d’un pénible anglais de bazar... Même situation avec les vendeurs maghrébins ou africains de petits souvenirs, de jouets désuets ou de lunettes de soleil et de parapluies entre Duomo et Baptistère...

    Cette évolution mondialiste gagnait aussi la Loggia du Mercato Nuovo, via Calimala, derrière Orsanmichele, haut lieu de la maroquinerie florentine. C’en était à se demander d’où venaient les produits proposés.

    Dans certaine petite rue, les délicieuses et calmes trattorias étaient devenues des sandwicheries greco-orientales, des kebabs ou des épiceries afro asiatiques bouillonnantes de vie...

    A rebours, mais à effet aussi désagréable, l’ombreuse via dei Calzaiuoli, rutilait maintenant jusqu’à la Signoria des feux multicolores des enseignes des grandes marques internationales du luxe, miroir aux alouettes pour riches touristes asiatiques et russes.

    Après tout ce tumulte mercantile, l’immense espace écrasé de soleil de la Signoria devant le Palazzo Vecchio et les Uffizi semblait étrangement vide. A cette heure de la journée, les terrasses des restaurants qui cernaient la place étaient encore désertes et ressemblaient à de gros chats endormis sous des arcs-en-ciel de parasols. Quelques pas de plus suffisaient pour admirer l’Arno toujours aussi langoureux et amusé par l’agitation brownienne régnant sur le Ponte Vecchio autour des vitrines des bijouteries et des maroquineries florentines de luxe. Le calme renaissait plus loin, sur l’autre rive, autour du Palazzo Pitti et du Boboli....

     

    D’heureuses et rares exceptions à toute cette agitation existaient.

    Proche de la Signoria, le vaste parvis de Santa Croce présentait un calme accablé de chaleur. Une brève queue permettait d’accéder à la nef, vaste vaisseau vide aujourd’hui de tous ses trésors déplacés vers un Museo dell’Opera di Santa Croce certainement plus lucratif ! Seuls, comme de somptueux symboles, les imposants tombeaux intransportables  de Galileo Galilei, de Niccolo Machiavelli à gauche et de Michelango Buonarotti à droite se faisaient face ! ( Le Duomo avait vu lui aussi ses chefs-d’œuvre délocalisés dans un Museo dell’Opera del Duomo... Autres temps, autres mœurs ! )

    La sereine Bibliothèque Laurentienne avait conservé tout autant la quiétude nécessaire aux somptueux catafalques de Julien et de Laurent Urbino de Médicis son fils – père de Catherine… -, oeuvres de Michelangelo Buonarotti. Imaginez,  le Jour, la Nuit, pour le père, le Crépuscule et l’Aurore pour le fils...

    Le Baptistère peu visité, malgré l’extraordinaire plafond du trecento tout imprégné de style byzantin de sa gigantesque coupole, offrait un peu de calme dans l’océan de frénésie régnant à l’extérieur.

    Enfin, la provinciale Piazza San Marco où l’entrée au couvent du Beato Angelico se fit sans attente et la contemplation des œuvres exposées dans l’Ospizzio et des cellules décorées par ce maître du quattrocento fut une douce flânerie en harmonie avec celles des rares visiteurs silencieux et émerveillés.

     

    Une atmosphère bien différente régnait aux Uffizi. Avec des billets acquis l’avant-veille, l’attente fut très brève. Ici, comme par le passé, la régulation des entrées évitait une foule dense dans les salles. Les visiteurs étaient le plus souvent discrets. Le calme n’était pourtant pas de mise du fait du passage régulier de groupes asiatiques courants derrière une conférencière agitant haut son foulard. Un unique arrêt dans chaque salle devant une seule oeuvre et les voilà repartis. Les derniers qui n’avaient rien pu entendre restaient là un instant sans savoir où donner de la tête, perdaient le groupe de vue, hésitaient, allaient et venaient, trouvaient enfin... Un vrai chemin de croix ! débuté dans la salle de Giotto dont l’intérêt réside toujours dans une éblouissante Annonciation en retable de Simone Martini.

    La salle de Botticelli parut plus fréquentée pour son îlot central de bancs, bruissant en sourdine de conversations anglo-saxonnes, que pour les immenses chefs d’œuvre de ce maître sensuel. Bonheur de la Naissance de Vénus. Joie du Printemps. La débauche florentine des Médicis avant la tempête puritaine de Savonarole. Petite déconvenue, les reflets dans les immenses vitrages chargés de la protection des toiles.

    Après les richesses italiennes du Haut Moyen-Âge et de la Renaissance de l’aile est, un calme précaire habitait l’aile ouest plus cosmopolite moins fréquentée, délaissée par les groupes asiatiques. Les salles sont ici plus intimes, voire de la taille d’une simple cellule dédiée à quelques toiles. La tentation était forte de passer rapidement après la fatigue déjà accumulée. Seules quelques oeuvres attiraient encore un oeil à saturation.

    Dans une de ces alvéoles consacrées aux peintres toscans jaillit la lumière d’une oeuvre de toute petite taille du cinquecento. Sur fond lointain de nature en sfumato, le portrait très clair d’une toute jeune femme à la chevelure en feu d’un blond vénitien, arrangée d’une façon étonnamment contemporaine : un nuage de boucles sur une coupe mi longue, presque un carré. Les lèvres pâles esquissent un faible sourire démenti par des yeux verts rieurs. La peau est très claire, presque laiteuse. On devine à sa surface les très légères traces bleutées des veines. L’artiste n’a pas omis çà et là quelques taches de rousseur. L’encolure sage de la robe au tissu vert pâle piqueté de fleurs blanches signe le tableau. La tonalité d’ensemble est très botticellienne. Contemplation. Evasion...

    Légère bousculade. L’« Excuse me » d’une voix féminine au fort accent américain.... Atterrissage ! Un regard rapide accompagné d’un « ... n’y a pas d’mal » en direction de la voix qui admirait aussi la petite toile. Retour à la contemplation. Analyse à retardement de l’image du  portrait vivant fixée dans mon cerveau. Surprise. Nouveau regard. Mon visage dut présenter une réelle expression ébahie car un amusement certain apparut dans les yeux de ma jeune voisine. Je revins au tableau. Aucun doute. J’étais à côté du modèle. Par dessus les siècles, elle était là. Stupéfiant. Même visage pâle, mêmes cheveux de feu arrangés d’identique façon, mêmes taches de rousseur, mêmes yeux liquides, seul le vêtement différait... Incroyable. Je me tournai de nouveau vers elle pour lui... Je vis sa silhouette s’inscrire dans le flux qui coulait vers la salle suivante. Elle se tourna vers moi, me sourit et au moment de disparaître, lâcha un petit rire au sens incertain...

     

    Je restai seul, figé, unique spectateur de ce visage d’une jeune toscane du cinquecento. Personne ne s’y arrêta plus. Pourquoi m’avait-il retenu ? Pourquoi fut-elle à mes côtés à cet instant ? Pourquoi cette ressemblance ? L’avait-elle discernée en même temps que moi ou le savait-elle avant d’arriver là ? Pourquoi face à cette ‘’coïncidence’’, ce départ précipité ? Pourquoi...

    Ma visite des Uffizi s’arrêta là. Le reste n’eut plus d’importance. Trop préoccupé par ce hasard je n’avais pensé à regarder ni le titre du tableau ni le nom de son auteur ! Je conserve seulement les images de deux visages, l’un réel, l’autre virtuel... images ‘’cousues’’ ensemble dans ma mémoire, chacune doublure de l’autre.

     

    Dehors, l’air de la Signoria était irrespirable. L’ombre aux terrasses n’apportait aucun réconfort...

    Florence resterait toujours une ville de rêve éveillé.

     

     

     


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  • l'oeil & la plume...   pour parler aux mouettes

    texte Werner Lambersy                                                           photo jlmi c.1970

     

     

    Où est la Chine

    Traversée sac au dos

     

    De cantines grasses

    En boutiques

    Encombrées de vélos

     

    Et l’Inde brumeuse

    Aux échoppes

    À thé

     

    Sur le bord du trottoir

    À deux pas du barbier

    Et d’un vieux sage nu

     

    Et le Yang Tsé

    Qui porte les bateaux

    Ainsi que des colliers

    De perles sur l’épaule

     

    Et des radeaux

    Avec des hérons

    Patients sur leur proue

     

    Le Mékong

    Comme un bandeau

    De front tenant la forêt

     

    Et le Gange

    Comme la peau

    D’un beau cul sous le

    Sari trempé

     

    Le Saint-Laurent

    Qui va prendre la mer

     

    Comme on met

    La table d’un banquet

    D’amis

     

    Le plat Mississipi

    Et l’Amazone touffu

     

    Dans les rouges velours

    Du coucher de soleil

    D’un opéra

     

    L’Escaut

    Où sont rangées

    Les boîtes de conserves

     

    De la chimie et du pétrole

     

    Et le Rhin

    Aux péniches écumeuses

     

    Et la Meuse

    Aux écluses paresseuses

     

    Et le Rhône

    Aux cheveux attelés à des

    Nuages bleus

     

    Et le Danube

    Aux larges jupes en vols

    De migrateurs

     

    Et le Nil

    Où embarquent les morts

    Et le reste que j’ignore

     

    Et la Loire souveraine et

    Tranquille

    Où je m’assieds les pieds

    Dans l’eau

     

    Sur les cailloux obliques

    Et usés
     

    Pour parler aux mouettes

     

    Moi qui ne vais plus que

    Du jardin au dictionnaire

     

    Et d’un amour au même

     

    Comme l’eau

    Dans l’eau qui se poursuit

    Elle-même

     

    Conversation à l’intérieur d’un mur (extrait)

    ***  

     


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