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Par jlmi le 7 Juillet 2023 à 00:21
texte Charles Bukowski collage Tim Roeloffs
texte intégral en français in Nouveaux contes de la folie ordinaire
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Par jlmi le 6 Juillet 2023 à 00:46
texte & photo Jacques Prévert
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien
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Par jlmi le 5 Juillet 2023 à 00:25
texte Martin Zeugma ill jlmi2023 sur toile de Sylvie K. Paulic
quand je suis passé réveiller Audrey c’était pour qu’on aille à la fête je ne pensais pas la trouver endormie enfouie sous sa couette la tête dépassant à peine avec un bras et une épaule je suis entré dans sa chambre je croyais qu’elle serait prête je me suis assis au bord du lit et j’ai posé ma main sur son épaule quand je suis passé réveiller Audrey elle s’est tournée vers moi avec un grand sourire et les cheveux désordonnés puis elle a demandé si je voulais bien l’épouser alors je l’ai embrassée et j’ai dit oui quand je suis passé réveiller Audrey on s’est allongé dans son lit elle a serré ma tête contre ses seins et puis un homme que je ne connaissais pas habillé comme pour se rendre à une réception est entré à son tour dans la chambre il a dit que nous étions beaux ainsi et que nous avions l’air amoureux avant de repartir en refermant la porte et que c’était sûrement dommage quand je suis passé réveiller Audrey j’étais encore endormi et j’ai cru que je passais réveiller Audrey
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Par jlmi le 3 Juillet 2023 à 00:19
texte & photo Nazik al-Mala’ika
C’est en vain que tu rêves, ô poétesse
Mienne, entre un matin et un soir, sans répit,
À ce qu’est cette existence.
C’est en vain que tu demandes
Pourquoi le secret n’est pas dévoilé,
Pourquoi l’on ne t’accorde pas
Le don de briser les chaînes.
À l’ombre du saule, tu as passé
Tes heures dans la perplexité,
Sous les coups douloureux
Que t’infligeaient ces énigmes,
Questionnant l’ombre,
Alors que l’obscurité ne sait rien
Et que les destinées connaissent
Tout ce qu’elle ignore.
Tu regardes toujours l’horizon
Anonyme, perplexe. Ce qui est caché
S’est-il jamais manifesté au jour ?
Tu questionnes toujours, et la destinée
Moqueuse est un silence
Hermétiquement clos,
Un silence sans fin.Traduit de l’arabe par René R. Khawam in La Poésie arabe des origines à nos jours, Phébus, 1995.
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Par jlmi le 2 Juillet 2023 à 00:14
texte Yvon Le Men ill. Pep
toute cette histoire
à cause d’un mot
qui manque à ma case
à ma cause
me cause des maux
des maux de tête
des maux de ventre
des animaux sauvages
qui hurlent
dans ma tête
dans mon ventre
envie
de crier
à tue-tête
envie de tuer
ceux qui se taisent
ceux qui te taisent
ceux qui te tètent
les yeux de la tête
et même le bras
un mot que je ne suis pas
écrivent-ils
personne ne parle
personne ne m’a parlé
écouté
sauf une fois… / …
j’ai écrit 50 livres
et je ne sais pas
écrire une lettre
de recours
gracieux
à
Madame
La Directrice de
Pôle
Emploi
Bretagne
Madame
une femme
peut-être douce
compatissante
de gauche
de droite
mais douce
du centre
en équilibre
sur ses deux jambes
Madame
peut-être mère
grand-mère
peut-être jolie
sûrement pas jeune
car Directrice… / …
je voulais vous demander Madame
ce qu'est un artiste
vous qui le savez
moi qui le suis
en toute franchise
intérieure
contre vos mots
à double sens
avec les miens
à contre sens…/…
nom d’un chien
loup
il n’y a plus rienque des anonymes
des âmes animées
contre les noms
et les prénoms
de ceux qui demandent
à qui parler
à qui chanter
et non à faire chanter
ceux qui chantent
et enchantent
les saltimbanques
sans banque
sur qui compter
pour continuer
à conter
des contes
à ceux qui comptent
pour eux
sur eux
pour vivre sans compter
pas sans conter
des contes
à vivre debout
entre chien et loup
sous la lune
même dans la lune
un mot sur qui je peux compter
même quand elle n’est pas là
personne ne parle
personne ne m’a parlé… / …
à qui pôle Emploi donne du travail ?
aux employés de Pôle Emploi
d'abord
qui ont peur de leur directeur
qui fait peur aux chômeurs
qui a peur des chômeurs ?
qui se voient dans leurs yeux
de chiens battus
même sans collier
d'enfants perdus
au bout de leur vie
d'enfance perdue
en Bretagne
et ailleurs.… / …
Il est vrai
sûrement
il est juste
sans doute
sans aucun doute
qu'un crime de sang
est moins grave
qu'un crime de case
de ne pas être dans la bonne case
du statut d'intermittent du spectacle vivant
intermittent
l'inter de mi-temps
quel drôle de mot
rien que de l'écrire
on se sent comme un
trois-petits-points
qui sautent moutons et mutent
mes rêves en cauchemars
je me réveille à l'abattoir… / …
Il est vrai
que nous sommes en république
c'est au peuple
de décider
le peuple dont fait partie
comme moi
le directeur de pôle Emploi
des plaintes en proie
au désarroi
des rats des villes
des rats des champs
et cetera et cetera…/…
Les saltimbanques
sans banque
sur qui compter
pour continuer
à conter
des contes
à ceux qui comptent
pour eux
sur eux
pour vivre sans compter
pas sans conter.… / …
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