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Par jlmi le 20 Août 2022 à 00:46
Anne Sexton par Joanna Rusinek
Quand un homme
pénètre une femme
comme la vague qui mord la rive,
encore et encore,
que la bouche de la femme s’entrouvre de plaisir
que ses dents brillent
tel l’alphabet,
le Logos semble traire une étoile,
et l’homme
au-dedans de la femme
noue un nœud
pour que plus jamais
tous deux ne se séparent
et la femme se fait fleur
et ravale sa tige
et le Logos apparaît
et déchaîne leurs fleuves.
Cet homme
cette femme
et leur désir duplice
ont tenté de franchir
la courtine de Dieu,
un court instant ils y sont parvenus,
même si par la suite Dieu
dans Sa perversion
dénoue le nœud.
Traduction inédite d’Angèle Paoli.Source https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2018/05/anne-sexton-when-man-enters-woman.html
When man
enters woman,
like the surf biting the shore,
again and again,
and the woman opens her mouth with pleasure
and her teeth gleam
like the alphabet,
Logos appears milking a star,
and the man
inside of woman
ties a knot
so that they will
never again be separate
and the woman
climbs into a flower
and swallows its stem
and Logos appears
and unleashes their rivers.
This man,
this woman
with their double hunger,
have tried to reach through
the curtain of God
and briefly they have,
though God
in His perversity
unties the knot.
Anne Sexton [The Awful Rowing Toward God, 1975] in Anne Sexton, The Complete Poems, Boston, Houghton Mifflin Company, 1981 ; First Mariner Books Edition, 1999, p. 428. With a foreword by Maxine Kumin.
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Par jlmi le 19 Août 2022 à 00:50
texte de murièle modély toile © joséphine monteil
elle dit je vous salue Marie
on ne sait pas à qui elle parle
qui est cette Marie
et ce qu'elle a à voir
avec nos corps transis
debout devant la table
attendant sans broncher
que Marie lui réponde
qu'elle fasse un signe, bordel
qu'on puisse enfin s'asseoir
ou au moins relâcher
nos corps raides, tenus
par son regard de glace
elle dit vous êtes pleine de grâce
et on louche par en dessous
sur le brouet graisseux
au milieu de la table
nos bouches déformées
par le jus de prière
par la faim qui tenaille
nos corps d'adolescentes
et on fait pénitence, on fait
tout ce qu'elle veut
Marie
Dieu et le reste
qu'on mange
tant que l'on peut
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Par jlmi le 18 Août 2022 à 00:03
texte & photo jlmi Mac Val installation vidéo de Melik Ohanian 2006
La lumière est nacrée, comme pailletée de fines particules.
Dans cette immense salle blanche, pas un bruit de voix. Juste les claquements rythmés de mains, nombreux, variés.
Au sol, dans un coin, une pile organisée d’écrans cathodiques. J’en compte huit. Des enceintes aussi, quatre.
Sur chaque écran une paire de mains. D’hommes, de femmes. Des mains jeunes, vieilles, fines, calleuses, lisses ou aux veines saillantes. Un échantillon d’humanité. Ces mains se frappent, s’arrêtent, reprennent en un ballet hasardeux à ce qu’il semble. Mais non, à bien y écouter, les rythmes s’épousent, se complètent.
Face aux écrans, un long pouf transparent coiffé d’un coussin jaune. Un groupe d’adolescents est installé et regarde. Une femme debout paraît donner quelques explications à voix voilée. Un peu à l’écart, deux filles ont fait sécession. Elles sont appuyées à un pilier et tournent presque le dos aux écrans. L’une ,y jette parfois un regard rapide. L’autre, la plus éloignée de l’œuvre, a posé la tête sur l’épaule de son amie et, le regard perdu, suce son pouce… mais peut-être est-elle captivée par cette mélopée brute, presque sauvage qui monte, descend, oscille, mélopée de ces mains qui se frappent, se caressent, s’ouvrent… et repartent en cadence.
C’est un après-midi comme un autre au Mac Val
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Par jlmi le 17 Août 2022 à 00:12texte de Lenore Kandel collage jlmi 2014 ( dessin de Linda Zacks + photo de Lenore Kandel par Isaac Hernandez)
baiser avec amour
aimer avec toute la chaleur et la sauvagerie de la baise
la fièvre de ta bouche dévorant tous mes secrets et mes alibis
me laissant pure brûlée dans l'oubli
la douceur INSUPPORTABLE
bouche touchant à peine bouchetéton à téton nous nous sommes touchés
et fumes pétrifiés
par un flux d'énergie
au-delà de tout ce que j'ai jamais connunous nous sommes TOUCHÉS !
et deux jours plus tard
ma main étreignant ta bite dégoulinante de sperme
ENCORE !l'énergie
indescriptible
presque insupportablela barrière du noumène-phénomène
transcendé
le cercle momentanément complet
l'équilibre des forces
parfait
allongés ensemble, nos corps se glissant dans l'amour
qui ne s'est jamais échappé
j'embrasse ton épaule et elle empeste le désir
le désir des anges érotiques baisant les étoiles
et criant leur joie insatiable à travers le paradis
le désir des comètes entrant en collision dans l'hystérie céleste
le désir des déités hermaphrodites se faisant
des choses inconcevables l'une à l'autre et
HURLANT DE PLAISIR à travers l'univers entier
et au-delà
et nous sommes allongés ensemble, nos corps humides et brûlants, et
nous PLEURONS nous PLEURONS nous PLEURONS les larmes incroyables
que les saints et les hommes sacrés ont versé en présence
de leurs propres dieux incandescentsj'ai murmuré l'amour dans chaque orifice de ton corps
comme tu l'as fait
en moimon corps entier se transforme en une conbouche
mes orteils mes mains mon ventre ma poitrine mon épaule mes yeux
tu me baises continuellement avec ta langue tu regardes
avec tes mots avec ta présencenous nous transformons
nous sommes aussi doux et chauds et tremblants
qu'un papillon doré nouveau venul'énergie
indescriptible
presque insupportablela nuit quelquefois je vois nos corps luire
to fuck with love
to love with all the heat and wild of fuck
the fever of your mouth devouring all my secrets and my alibis
leaving me pure burned into oblivion
the sweetness UNENDURABLE
mouth barely touching mouth
nipple to nipple we touched
and were transfixed
by a flow of energy
beyond anything I have ever known
we touched
and two days later
my hand embracing your semen-dripping cock
AGAIN!
the energy
indescribable
almost unendurable
the barrier of noumenon-phenomenon
transcended
the circle momentarily complete
the balance of forces
perfect
lying together, our bodies slipping into love
that never have slipped out
I kiss your shoulder and it reeks of lust
the lust of erotic angels fucking the stars
and shouting their insatiable joy over heaven
the lust of comets colliding in celestial hysteria
the lust of hermaphroditic deities doing
inconceivable things to each other and
SCREAMING DELIGHT over the entire universe
and beyond
and we lie together, our bodies wet and burning, and
we WEEP we WEEP we WEEP the incredible tears
that saints and holy men shed in the presence
of their own incandescent gods
I have whispered love into every orifice of your body
as you have done
to me
my whole body is turning into a cuntmouth
my toes my hands my belly my breasts my shoulders my eyes
you fuck me continually with your tongue you look
with your words with your presence
we are transmuting
we are as soft and warm and trembling
as a new gold butterfly
the energy
indescribable
almost unendurable
at night sometimes I see our bodies glow
trad lunique (L'Unique, de peau et de chair ; L'Unique, qui sait que l'amour la poésie et la révolte c'est pareil )
http://endehors.net/news/lenore-kandel-poetesse-immense-e...
un grand merci à lunique
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Par jlmi le 16 Août 2022 à 00:18texte de fanny sheper sur "banlieue" de jlmi 2009
Accro aux barbelés
Fil de fer aux araignées griffues
C’est ici que je traverse quand je vais te voir
C’est ici qu’on s’affranchit de la terre
C’est ici, que l’on traverse
Que les barreaux deviennent atmosphère.
C’est là que je m’écorche les doigts
Pour mieux t’entendre quand je suis trop bas.
Derrière la clôture acérée
Il y a tout ce qu’il n’y a pas ici.
Il a des bourrasques superbes
Qui éclatent folles dans des cieux libres.
Il y a des aubes claires comme des rivières
On voit nos plumes plastiques,
Abandonnées sur le fil,
Nos petites tenues déchirées encore accrochées.
Traces de nos évasions radieuses.
Traces de nos corps enchevêtrés dans les barbelés
Eraflures qui nous donnent
Un plaisir étrange et mélancolique.
C’est le rencard des rêveurs accros
Qui se bécotent entre les ronces rouillés.
Il faut les voir s’enrouler comme des poissons avant d’éclore.
C’est là qu’on perce la réalité d’un seul plongeon
Qu’on largue ses débris d’enclumes
C’est là qu’on tombe amoureux de la fuite
Et c’est pour ça que je t’aime autant que mon évasion.
Barbelé aux araignées de limailles,
Tu m’as appris la liberté.
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