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Par jlmi le 10 Août 2022 à 00:30
Texte de bruno toméra Gilles Barbier ‘’L’Ivrogne’’ photo jlmi 2006
Terre, cette tête de larmes bleues
qui chuchotent ses plaintes.
Ces corps recroquevillés du petit matin délavés par les brumes glacées
et qui rassemblent dans des rêves ankylosés empêtrés de non sens les quignons rassis émiettés dans le café refroidi de l’existence.
On devait être des millions à cette heure à se perdre dans le paradis conformiste
à s’inventer une vie déjà bien frelatée à coups de vagues projets trafiqués
par les gueules de bois et quelques sauteries fantasmées.
Trimballer son corps entre deux ivresses et deux lysanxia
entre le chant des mitrailleuses et le chant du cygne
entre les barbouzes médiatiques et leurs sentences libérales.
La nécessaire maquerelle Misère fardée de la bonne conscience de la dignité,
les gagne-pains se vident, il y a que dalle sur l’étal des boutiques du prêt à penser,
les perroquets savants adjurent d’une adaptation à la survie dans une allégorie du néant, avec dignité.
J’ai balancé la radio par la fenêtre
j’avais pris du bide dans les pantagruéliques relais de la frustration,
c’était plus moi dans le miroir, c’était rien
Rien qu’un mp3 enrhumé d’un adagio de Barber
Rien que le temps passant et plus l’envie de le retenir
Rien que l’image floue d’une perception fossilisée
Rien que cette terrible supposition que le tour du cauchemar n’est qu’entamé
et qu’il n’y aurait jamais d’arrivée
Rien que soi en somme.
Il restait pourtant de belles choses à accomplir ( sic )
Se cramer les doigts sur un bout de cigarette
Essuyer le pipi du chien
Sourire benoitement du fébrile tremblement des jonquilles
Décompter les points retraite
Mater le tapin des étoiles
Déshabiller jusqu’à l’os ce charmant conte que l’on nomme la vie.
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Par jlmi le 8 Août 2022 à 00:35texte & toile de jlmi 2004
Le rêve en attente jusqu’à l’ivresse pour vivre sa vie de rêve
La voie du phénomène vibratoire d’une rue
L’instant unique de l’évaporation de la tête dans l’oreiller
Le deuxième étage du monde comme verroterie du salut
Le suicide comme un raccourci vers l’action révoltée
Les visages noyés de l’intérieur par la fonte des glaces
La solitude juste à portée de la main en train de se tendre
L’odeur de l’interdit comme partie intégrante de l’existence
La vague accepte dans son déferlement la beauté qu’elle ne voit pas
L’enfant de l’orage pas étonné de s’entendre grandir
Les chiens endormis au coin de ma cervelle
La chute vertigineuse dans le tourbillon du Temps
Le délire dément du don non démenti du ‘’Dharma’’ de JK
La profondeur solide de la pierre musicale d’un escalier liquide
La question : est-ce que les chauve-souris… dans les cheveux…
La réponse : si on tourne en rond, on n’arrive jamais
Le cauchemar de tableau noir d’une ardoise dans un bar
L’air cru de froid malgré un feu de pierres noires à l’odeur assoiffante
La question : dis moi ce que tu dois…
La réponse : mon âme contre un peu de liquide
Les spectres en suspens, demande subliminale de laideur
La réponse : Parfois oui. Souvent non !
La question : tout périra y compris les périls…
L’escalier liquide au rivage inégal où l’humain apocalypse
Les échelles volantes pour ambuler dans les heures mortes
La soudaine pulsation désordonnée de l’artère humérale ou du nerf médian – va savoir - à l’antérieur du coude gauche
Le destin fossoyeur de l’intemporalité du temps
Les équinoxes équivoques des soleils de silence
La réponse : en des errances de déshérences urbaines
La question : l’ailleurs …
Le refuge en terre masaï d’Edgar Allan Poë
Le germe de perversion des nuages constructeurs de bateaux
L’empathie d’une grande goulée de blanc gommé
La réponse : du semblable au semblable
La question : d’aujourd’hui à demain…
extrait de Conversation autour d'un bol de nouilles inédit
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Par jlmi le 7 Août 2022 à 00:57
texte de Paul Verlaine ill. jlmi sur "Room in Rome" de Julio Medem
Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l’émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des coeurs fidèles,Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.
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Par jlmi le 6 Août 2022 à 00:49
texte & ill. jlmi
Au seul Bouddhiste Taraviste Libertaire
que je connaisse en ce monde
pour le moins déglingué
Alléluia !
Titubant dans l'escalier liquide
des rails luisants du tram T3,
un bel ivrogne nommé Désir
voyage aux portes de la nuit.
Oiseau nocturne à bec de bois
il brûle de la grande soif amère
et mord la pluie,
une pluie lasse de pleuvoir.
Sa solitude hirsute transpire
en mille éclats de visages fatigués
dans le miroir de l’incognito.
Toujours son tour de s’affaler sur le pavé
au grès gris graisseux de ce caniveau,
dur enfer bitumeux de la biture,
qui suinte les sanies mécaniques
des bagnoles qui filent sur l’enfer d’asphalte des Maréchaux
aux heures pâles de brouillard.
Le bois de Vincennes est à deux pas…
Toujours son tour de joncher le sol de ses songes épilepthyliques
d’anarcho-alchimiste des mots-fêlures reclus au cœur de l’âme.
Ces mots des simples de la quotidienne servitude
qui font bailler des corneilles aux intellos
dont les yeux ne savent plus que scruter leurs ombilics précieux
et donnent bonne conscience aux politicos de tous poils,
ces baveux dont les yeux ne savent plus que berner d’échéances en déchéances.
Ces tous paumés dans le labyrinthe de leurs mots vide de vie, ces mots menteurs
porteurs de maladies étranges.
Un peu plus loin, sur le boulevard Soult
sous le cône verdâtre d’un réverbère
une ombre rousse de la nuit
bien calée contre sa camionnette aménagée
serre les pans de son manteau miteux
sur les pauvres reliefs de sa nudité crue.
Elle a vu Désir tomber fin bourré. Raide.
Elle hésite. La peur des coups.
Elle en a son compte faut dire…
Lui elle le connaît, enfin elle pense,
- sa barbe poivre et sel,
ses lunettes à monture d’écaille rafistolées avec du sparadrap -
pas de doute !
mais qu’est-ce qu’il peut bien foutre ici ?
Il lui semble qu’elle l’a déjà vu dans un bistrot du Marais, son quartier,
Là où elle rejoint parfois ses copines qui tapinent dans les petits coins d’ombre
entre Bastille et Sébasto.
Mais oui, c’est ça, à « la Goule en pente », il a même sa table attitrée.
Faut dire que Marinette la patronne elle l’a à la bonne le Désir.
Paraît qu’il reste là des heures à mendier sa chopine en récitant des histoires.
Des poèmes qu’il dit, lui, pas des histoires.
Des trucs qu’il a gribouillé avec un vieux bic tout mâchuré
sur des bouts de papier sales
- cueillis au hasard rue de la Verrerie, autour du bhv,
( ben oui, il habite au Grand Hôtel de la rue des Mauvais Garçons,
ça s’invente pas ça. Enfin la cambuse elle est un brin décrépite faut dire…
elle a que le nom de ronflant )
j’en étais où ? je digresse comme il dirait…
ah oui, ses papiers sales –
ils les ramassent
quand les poubelles du magasin débordent avant le passage des boueux –
Pour les lire ses papelards, il les tire délicatement de ses poches de veste ou de futal
et ne commence qu’après les avoir repassés, caressés plutôt, avec soin
du plat de la main
sur la table toute parée des auréoles des verres déjà passés.
Belles ses histoires au Désir…faut dire
Elles disent leurs pauvres vies profanées d’exclus,
d’interdits du circuit touristique des alouettes
ensuquées des mensonges
du libéralisme.
Toutes ces tricheries farouches de la multitude.
Même quand il en a déjà un coup dans le nez,
il les dit bien ses poèmes. Ça oui !
A donner la chair de poule,
tous les poils des bras en train de bander ferme.
Ça met du baume au cœur.
Son cœur au Désir,
il doit être énorme,
avec tout ce qu’il essaie de donner
avec ce peu qui lui reste :
ses mots…
La Rousse se décide d’un coup,
sa nuit est foutue de toute façon,
une vraie nuit de chien,
alors elle va vers le corps recroquevillé
se penche,
le secoue,
lui parle presque à l’oreille,
ramasse ses lunettes mal en point
lui tire un bras pour le forcer à se lever…
il éructe des phrases incompréhensibles
puis il bouge,
gesticule,
se redresse,
il la voit, son œil s’éclaire,
il lui sourit
- un sourire ébréché sous un coquard
déjà viré aubergine et cerne jaune -
un sourire qui vaut mille mercis.
Il y a beaucoup de quelques parts
alors les voilà partis titubants tous les deux
vers la camionnette,
mais déjà bien au-delà,
vers un espoir d’ailleurs que la rue,
mémoires jetées aux chiens.
Un ailleurs sans crachin jusqu’aux laudes profanes
où viveurs de vies
ils trouveront à partager
ce qui leur reste,
le temps intérieur
ce temps qui ignore ses limites.
Il en fera peut-être un poème.
Va savoir !
La terre fait taire tous les silences
extrait des Preuves incertaines ed Nouveaux Délits 2020
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Par jlmi le 4 Août 2022 à 00:29
texte & photos de cathy garcia
Un christ jeté face contre terre dans les broussailles.
Un grand christ blanc aux mains trouées, aux pieds cloués.
Un grand christ blanc taché de rouge, décroché,
Jeté face contre terre près d’un muret en pierre.
Trouvé dans les broussailles dans un coin perdu du causse,
la veille de Pâques. Véridique !
Alors nous l’avons retourné, nettoyé un peu
et avons déposé dans les trous de ses paumes,
quelques fleurs jaunes de coucou.cg in Purgatoire du Quotidien, à tire d'ailes 2014
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