• l'oeil & la plume...

    texte & illustration barbara le moëne

     

     

    Longtemps j'ai cru n'avoir rien à dire il n'y a rien à dire ! j'ai crié et seul l'écho m'a répondu

    rien à dire

    à dire

    dire

    et puis un jour j'ai dit un mot, des mots j'ai tiré un fil qui dépassait de la muraille un fil des mots et puis ça a dit encore tout doucement ça a murmuré

    muré ça a bougé le mur mur mur le mur s'est écroulé ça a ouvert des chemins sur le dire ça a ouvert des voies sur le dire des voix dire

    ma voix.

    publié dans la revue Traction-Brabant

     illustration courtesy barbara le moëne

    barbara le moëne

     

     

     


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  • texte de Jean-Louis Millet sur un collage de Cathy Garcia Canèles

     

     

    Eh, Toi, oui toi là devant ton écran,

    toi qui a glissé un œil sur ce collage,

    il ne t’a fallu qu’un centième de seconde

    pour percevoir la nudité

    des Baigneuses,

    des Baigneuses assemblées

    dans un paysage à nul autre pareil.

    Et tu restes scotché.

    Pourquoi ?

    De ces femmes il y en a Huit,

    peut-être neuf,

    posant aux murs & bains carrelés du hammam ou

    surfant sur les vagues,

    ou s’y dissimulant

    dans tous les Vents de la Rose.

    De l’Antique à la Contemporaine,

    dévêtues mais pas que,

    Et ce Poulpe émergeant

    laquelle va-t-il choisir

    afin de l(‘)a(t)tirer dans

    le rêve de la femme du pêcheur

     d’Hokusaï ?

     

    Alors Toi, Peeping Tom, qu’en dis-tu ?

     

     


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  • l'oeil & la plume...  la promenade du peintre

    texte isabelle le gouic                       photo sandra sarraipa   from serie Banlieues

     

     

    Il marche

    en regardant ses pieds

    sur le bitume enneigé

    sur la ferraille des jours quand tout est gris

    tête basse

    tête perdue

    il marche

     

    Il marche

    dans le vague

    plonge dans le vide

    dans le blanc des pensées

    et se perd dans celui de la Ville

     

    Il marche

    en regardant ses pieds

    sur le bitume

    sur de vieilles habitudes quand tout fout le camp

    tête basse

    tête perdue

    il marche

     

    Il marche

    dans le vague

    plonge dans le vide

    d’un cercle

    où se perd chaque regard

    où s’égarer tout entier

     

    Il marche

    en regardant ses pieds

    sur le bitume

    sur des empreintes à emprunter

     

    En harmonie

    sans fronde

    il se confond

    avec elles

     

    Il marche

    dans le vague

    plonge dans le vide

    pour faire le plein de traces

     

    Puis il décide de tout mélanger

    dans sa tête

    tout associer

    la ferraille et les traces

     

    Tout confondre

    le bitume et la neige

    l’empreinte et  l’acier

     

    Quatre par quatre

    dans son esprit

    des images sont associées

     

    A présent

    il compose un carré tout enneigé

     

    Il y intègre le cercle

    et des formes variées

     

    Promeneur dans la Ville

    et promeneur dans l’imaginaire

    le peintre longtemps, longtemps

    s’imprègne  de ce mirage

    jusqu’à ce qu’il soit bien fixé

    dans sa mémoire

     

    Là, à présent, il sait qu’il peut fermer les yeux

    et attendre sa métamorphose en tableau

     

     


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  • l'oeil & la plume...   

    texte de hervé gasser                                                             ill. dima chatrov

     

    l'oeil & la plume...

     


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  • l'oeil & la plume... ma cicatrice

    texte de fanny sheper                                                                        ill. jlmi


    Mon odieuse déchiratrice

    Est la preuve de mon incarcération charnelle.

    Vilaine incrustée sur ma cuisse,

    Elle fait la gueule quand je suis à poil.

     

    Elle m'a scarifiée

    D'une longue ligne de taille

    Cousue de ma hanche au genou.

    Elle est la preuve de mes absences,

    De mes négligences.

     

    Elle est là,

    Quand la bruine la fait grincer.

    Elle grimace en été sur ma peau boursouflée.

    Elle est fièrement plantée là.

    C'est la médaille d'une guerre censurée,

    Blessure honorifique, il paraît.

     

    Tu es une vilaine lésion née de tissus déchirés !

    C'est à cause de toi que j'ai dû rentrer.

    Faire demi-tour estropiée,

    Rapatriée par les pieds.

     

    Je la déteste pour ça, plus que pour la douleur

    Parce que j'ai dû abandonner l'envol.

    Sanctionnée au sol, clouée dans ma cuisse

    Par cette correctrice qui a insulté ma peau.

     

    Quand on me questionne,

    Je dis que c'est les barbelés

    Qui m'ont déchirée comme une évadée.

    Les barbelés qui se trouvent entre ici et là-bas.

    Je dis que c'est un requin

    Qui m'a descendu par le fond

    Alors que je nageais pour me barrer. 

    Je dis que le creux et les 24 traits blancs

    C'est sa mâchoire curatrice de poisson.

     

    Je dis pour parler, pour me laisser rêver,

    Pour faire de cette chirurgie quelque chose de jolie.

    Une longue couture blanche,

    Lézarde mystérieuse d'origine inconnue.

    Une trace qui m’identifie vivante et sûre.

    Une blessure, une aventure,

    Une souffrance, une légende,

    Une cicatrice …

     

     


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