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Par jlmi le 29 Janvier 2024 à 00:54
texte & illustration barbara le moëne
Longtemps j'ai cru n'avoir rien à dire il n'y a rien à dire ! j'ai crié et seul l'écho m'a répondu
rien à dire
à dire
dire
et puis un jour j'ai dit un mot, des mots j'ai tiré un fil qui dépassait de la muraille un fil des mots et puis ça a dit encore tout doucement ça a murmuré
muré ça a bougé le mur mur mur le mur s'est écroulé ça a ouvert des chemins sur le dire ça a ouvert des voies sur le dire des voix dire
ma voix.
publié dans la revue Traction-Brabant
illustration courtesy barbara le moëne
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Par jlmi le 28 Janvier 2024 à 00:53
texte de Jean-Louis Millet sur un collage de Cathy Garcia Canèles
Eh, Toi, oui toi là devant ton écran,
toi qui a glissé un œil sur ce collage,
il ne t’a fallu qu’un centième de seconde
pour percevoir la nudité
des Baigneuses,
des Baigneuses assemblées
dans un paysage à nul autre pareil.
Et tu restes scotché.
Pourquoi ?
De ces femmes il y en a Huit,
peut-être neuf,
posant aux murs & bains carrelés du hammam ou
surfant sur les vagues,
ou s’y dissimulant
dans tous les Vents de la Rose.
De l’Antique à la Contemporaine,
dévêtues mais pas que,
Et ce Poulpe émergeant
laquelle va-t-il choisir
afin de l(‘)a(t)tirer dans
le rêve de la femme du pêcheur
d’Hokusaï ?
Alors Toi, Peeping Tom, qu’en dis-tu ?
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Par jlmi le 27 Janvier 2024 à 00:33
texte isabelle le gouic photo sandra sarraipa from serie Banlieues
Il marche
en regardant ses pieds
sur le bitume enneigé
sur la ferraille des jours quand tout est gris
tête basse
tête perdue
il marche
Il marche
dans le vague
plonge dans le vide
dans le blanc des pensées
et se perd dans celui de la Ville
Il marche
en regardant ses pieds
sur le bitume
sur de vieilles habitudes quand tout fout le camp
tête basse
tête perdue
il marche
Il marche
dans le vague
plonge dans le vide
d’un cercle
où se perd chaque regard
où s’égarer tout entier
Il marche
en regardant ses pieds
sur le bitume
sur des empreintes à emprunter
En harmonie
sans fronde
il se confond
avec elles
Il marche
dans le vague
plonge dans le vide
pour faire le plein de traces
Puis il décide de tout mélanger
dans sa tête
tout associer
la ferraille et les traces
Tout confondre
le bitume et la neige
l’empreinte et l’acier
Quatre par quatre
dans son esprit
des images sont associées
A présent
il compose un carré tout enneigé
Il y intègre le cercle
et des formes variées
Promeneur dans la Ville
et promeneur dans l’imaginaire
le peintre longtemps, longtemps
s’imprègne de ce mirage
jusqu’à ce qu’il soit bien fixé
dans sa mémoire
Là, à présent, il sait qu’il peut fermer les yeux
et attendre sa métamorphose en tableau
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Par jlmi le 25 Janvier 2024 à 00:51
texte de fanny sheper ill. jlmi
Mon odieuse déchiratrice
Est la preuve de mon incarcération charnelle.
Vilaine incrustée sur ma cuisse,
Elle fait la gueule quand je suis à poil.
Elle m'a scarifiée
D'une longue ligne de taille
Cousue de ma hanche au genou.
Elle est la preuve de mes absences,
De mes négligences.
Elle est là,
Quand la bruine la fait grincer.
Elle grimace en été sur ma peau boursouflée.
Elle est fièrement plantée là.
C'est la médaille d'une guerre censurée,
Blessure honorifique, il paraît.
Tu es une vilaine lésion née de tissus déchirés !
C'est à cause de toi que j'ai dû rentrer.
Faire demi-tour estropiée,
Rapatriée par les pieds.
Je la déteste pour ça, plus que pour la douleur
Parce que j'ai dû abandonner l'envol.
Sanctionnée au sol, clouée dans ma cuisse
Par cette correctrice qui a insulté ma peau.
Quand on me questionne,
Je dis que c'est les barbelés
Qui m'ont déchirée comme une évadée.
Les barbelés qui se trouvent entre ici et là-bas.
Je dis que c'est un requin
Qui m'a descendu par le fond
Alors que je nageais pour me barrer.
Je dis que le creux et les 24 traits blancs
C'est sa mâchoire curatrice de poisson.
Je dis pour parler, pour me laisser rêver,
Pour faire de cette chirurgie quelque chose de jolie.
Une longue couture blanche,
Lézarde mystérieuse d'origine inconnue.
Une trace qui m’identifie vivante et sûre.
Une blessure, une aventure,
Une souffrance, une légende,
Une cicatrice …
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