• l'oeil & la plume... le p'tit Cardo

    texte de ronelda kamfer  courtesy la biennale des poètes                   collage jlmi  2013
     
     
     

    Pour Alfonso Cloete & Velencia Farmer

     

    Ils ont dit que c’était l’homme blanc que je devais craindre

    Mais ici ce sont les miens qui commettent les massacres

    Tupac Amaru Shakur

     

    Lorsque Cardo est né

    personne ne l’attendait

    sa mère avait seize ans

    son père était l’Animateur de Quartier de l’Année

    sa grand-mère était caissière et son grand-père, enfin, le mari de sa grand-mère, buvait pour oublier la douleur

     

    Cardo était un beau p’tit gars

    à la peau brune et aux yeux clairs

     assez beau pour parler anglais

    il aimait jouer dans la rue

    aux trois bâtons et à la chandelle

    Pour Tantie Gawa dans sa camionnette

    Cardo était un petit ange tombé du ciel

     

    La veille de son premier jour

    à la grande école

    les School Boys ont lancé des pétards dans la rue

    Cardo est allé voir à la fenêtre

    la balle s’est fichée dans sa gorge

    sa mère n’a pas pleuré

    quant aux politiciens ils ont planté un arbre

    que le vent d’est a emporté

    et jeté là où gisent

    tous les autres rêves du Cap –

     

    dans les marécages des Capes Flats

     


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  • l'oeil & la plume... non pas ici et maintenant mais...

    texte de jim harrison 1996                                                 collage  jlmi  2013

     

    Non pas ici et maintenant mais maintenant et ici.

    Si vous ne savez que la différence

    est question de vie ou de mort,

    agenouillez-vous nu dans la neige

    pour suivre la trotteuse de la montre

     

     

    in l’éclipse de lune de Davenport & autres poèmes 1996

     


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  • l'oeil & la plume... les femmes sont nées libres

    texte de jean de meung vers 1300                             ill. anonyme du moyen-âge

     

    Les femmes sont nées libres

    car Nature n’est pas si sotte

    qu’elle fasse naître Marotte

    seulement pour son Robichon

    et non plus, si bien regardons

    Robichon pour la Mariette

    ni pour Agnès, ni pour Perrette,

    mais nous a fait, mon fils, n’en doute

    toutes pour tous et tous pour toutes.

     

    Chacune pour chacun commune

    et chacun commun à chacune.

     

     


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  • l'oeil & la plume... confession d'un manuscrit

    texte de josé dolores quiñones                                               collage jlmi  2013

     

     

    Un ROMAN sans importance,

    Après un voyage de 47 jours rentre chez son maître

    Tout disposé à s’exprimer intimement avec son auteur…

     

    Alors Patron je suis de retour,

    A nouveau entre vos mains.

     

    Je soupire de joie,

    Car j’avais beaucoup languis de votre présence,

    Vous me manquez énormément.

     

    Je vais vous raconter l’expérience

    Que je viens de vivre.

     

    Installé dans les armoires d’une des notables

    Editoriales Parisiennes là où j’avais fait la

    Connaissance de quelques collègues

    Qui comme moi vont tenter leur chance,

    De pouvoir être édités

    Pour être lus par le public.

     

    Le camarade le plus proche

    me raconte qu’il venait de l’autre extrémité de la France

    et que depuis quelques semaines il demeure

    sans que personne s’occupe de lui,

    comme s’il n’existait pas.

    Quelle pagaille mon ami.

     

    Led jour de mon arrivée des inconnus m’appelaient

    Apr mon nom comme s’ils me connaissaient

    De longue date, ils tutoient tout le monde.

     

    Quand je suis rentré dans ce bâtiment,

    Je remplis les formalités qui s’imposent à tous.

     

    Ils m’ont collé une fiche d’identification

     Et m’ont placé dans un énorme tiroir avec les autres candidats.

     

    Une drôle d’ambiance,

    Une atmosphère un peu troublante.

     

    La nuit, ils m’ont amené au salon de lecture,

    J’avais froid, la pluie tombe abondamment

    Et par malchance,

    La dame qui devait s’occuper de moi était d’une mauvaise humeur et comme par hasard,

    Je devais payer le prix de sa frustration.

     

    Son regard malicieux se pose sur moi

    Avec une telle indifférence et elle commençe à me feuilleter avec mépris - Rien à faire –

     

    Ma chance était décidée auparavant

    Car cette vieille dame, conseillère du directeur

    Celui qui dit le dernier mot,

    Au sujet des nouveaux candidats.

     

    J’avais compris que j’étais déjà éliminé,

    Je suis battu avant même d’entrer en combat, impuissant

    Mais résigné à mon destin comme vous-même.

     

    Maintenant reste

    Qu’ils vous écrivent pour vous annoncer

    Qu’ils ne me gardent pas.

     

    Quelques raisons peuvent être utiles pour justifier

    Ce refus bien sûr.

    Sans  finir de me lire,

    Elle me place dans une grande corbeille et

    Deux jeunes gens m’emmènent dans un couloir

    Où attendent ceux qui comme moi sont rejetés.

     

    Si vous ne répondez pas,

    Ils me jetteront au feu.

    Je devrai mourir avant de naître.

     

    Merci d’avoir réglé leurs frais de mon retour,

    Et plutôt merci à DIEU qui vous a inspiré de me réclamer en son temps.

     


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  • l'oeil & la plume...

    texte de vincent                                                               ill. charles bukowski

     

    Je traîne dans les bars et les discothèques

            parce-que c’est là que se trouvent

    le vert des regards, je traîne dans les verres

                    là où la vodka brûle

    tu sais ici, tu te demandes bien quoi vivre

            quand l’amour n’existe pas

    tu te demandes comment te tuer, mais

            la mort m’effraie, je ne devrais pas l’oublier

    je traîne dehors et je draine ma misère, parfois

    la nuit, je suis sur que mon sommeil m’entend hurler,

            il y a quelques heures, je tenais la main

                    de cette fille intouchable

                    et j’étais comme un voleur face

    aux lingots d’or dans

                    le coffre de la banque    

            parfois Dieu s’amuse à te montrer

    un peu du paradis, juste après tu replonges

    dans l’enfer,

            aujourd’hui débarquent deux amies

                    avec du chocolat à la barbe à papa et leurs sourires

    et je me dis on apportait bien des bières à Bukowski,

            j’ai droit à ma part de chocolat à la barbe à papa et aux sourires

                            des jolies filles

    et j’ai encore de la vodka dans le corps, trois nuits

    de cuite, la première, j’ai fait pleurer une fille et à l’arrivée elle me trouve drôle

            plus je suis dingue, plus elles m’aiment, je ne trouve

    pas la paix avec celles-là, il faut toujours laisser flamber la folie

    et le soleil est pâle derrière les nuages ce matin

     je voudrais un corps

                                    où battrait un cœur,

    un corps

            qui me réchauffe et me pousse à oublier les blessures et le sang

    noir, mon âme broyée, hier on a déposé

    les cendres d’une amie dans une tombe et je ne savais

    comment lui dire

    au revoir, j’aimerais

    affirmer que j’ai bu pour ça, mais ce serait mentir

            je n’ai besoin d’aucune excuse pour me crucifier

                    le nécessaire besoin de me déchirer la peau suffit

                    si un soleil couchant caresse ton cœur

                    crois-tu que tu pourrais m’aimer, moi le fou furieux ?

                            ils te diront tous de me fuir

                            ils te diront tous de me haïr

                            et tu finiras par les écouter

    (vous finissez toujours par les écouter,

    plus ou moins vite)

                            mais d’ici là,

    tu connaîtras le goût de la passion et cela te manquera

                            dans d’autres bras et cela te tuera doucement

            toutes les nuits où tu ne m’appartiendras plus

    mes caresses, c’est du feu bébé, du feu entre tes mains

    crois moi quand je prétends n’aimer que la lumière

                    si ma vie est un non-sens

                    Il y a sûrement une déraison à ma folie

    On ne capture pas une flamme, on l’éteint ou on en fait un incendie

     


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