• l'oeil & la plume... un entrepôt

    texte & portrait de Lee Sumyeong

     

    On s’est rencontrés dans un entrepôt.
    Habillés comme ceux qui y travaillent
    on a utilisé tout notre souffle
    parlant lentement, des mots purs.

    Les produits étaient très connus.
    Les ventes augmentaient continuellement.
    Pour vérifier quels produits étaient dans l’entrepôt,
    on allait d’un bout à l’autre,
    puis on partait dans une autre direction
    et on revenait. On n’arrêtait pas de retourner
    à des endroits où on était déjà allés.

    On n’avait pas l’intention de prendre quoi que ce soit.
    On allait et venait comme des personnes responsables.
    Un stylo à bille et un téléphone portable dans la poche de nos pantalons,
    et parfois on se tenait dans un coin pour répondre au téléphone,
    ces fois-là on avait l’impression de ne pas pouvoir bouger d’un pouce.

    De différentes manières, la répartition des produits était fantastique
    il y avait plein de sortes de produits et ils étaient tous mis ensemble
    et quand nous ne savions pas comment trouver les produits,
    notre progression, en touchant les produits au hasard, était fantastique,
    tout le monde dans l’entrepôt avait l’air fantastique.

    Mais avant de quitter l’entrepôt, soudain
    quelqu’un se met à pleurer sans raison.
    Quelqu’un se met à vomir.
    Quelqu’un se met à les tapoter dans le dos.
    Quelqu’un se met à rejoindre l’endroit,
    et d’autres se mettent à faire pareil.

    Il vous est demandé de parler à l’extérieur du bâtiment.

    Il y avait un signe, « Silence »,
    mais depuis un certain temps on papotait,
    faisant du bruit d’un coin à l’autre.

    Se souvenant du « Silence » avant de quitter le bâtiment
    quelqu’un se met à fermer sa bouche.
    Quelqu’un se met à faire pareil.
    Petit à petit le silence règne,
    il devient encore plus silencieux
    jusqu’à ce qu’enfin à un moment donné nous nous taisions tous à merveille.

     

    traduit par Marie-Christine Masset

     

     


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  • texte & portrait de murièle modély

     

    Il y a les tâches insignifiantes
    les gestes de trois fois rien
    les mains dans la vaisselle
    la pelure des carottes
    le regard dans le loin
    le ciel et les bruits fauves

    la coulée virulente
    du galop des enfants
    les hurlements d'amour
    le linge qu'on étend
    la fatigue qui flotte
    la terre sur les talons

    la vie folle et les niches
    qu'on creuse dans les murs
    les pulsations fugaces
    les respirations brèves

    il y a aussi
    au milieu tout en bas
    là sous le feuilletage
    et la coque des mots
    des traces de baisers

     

     


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  • l'oeil & la plume...

    texte & illustrations   maria desmée

     

     

    L’invisible se dévoile la nuit
    le loup rode autour de nos peurs
    sous la peau des mots s’ouvre
    l’éclat d’une aurore boréale

    … /…

    Un cœur de lune dévore ma maison
     chaque nuit blanche d’absence
     le sommeil s’enfuit dans les étoiles
     un corps en attente d’étreinte

     

     

     in Diagonale du désir

     


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  • l'oeil & la plume...  l'été


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  • l'oeil & la plume...

    texte daria colonna                                                            photo x daria colonna

     

     

     

    Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe, s’arrose, s’asperge, se douche, s’inonde. J’apprends à respirer sous l’eau, à jurer du beau temps, je fais mon âge et je l’entends gémir, chaque mois, de corvée de culotte et de jours enclos. C’est par considération que je meurs.

     

    Je tourne autour des soleils jusqu’à ce que l’un d’eux me rajeunisse.

     

    Alors j’ai la joie et trois ans; pardonnez ma voix borgne, pardonnez l’enthousiasme, les mensonges de rien, le rire aigu, je suis un entrepôt de boue, d’agrumes et de limon où pousse un chapeau de fête.

     

    Laissez la pourriture recouvrir les murs de mes écoles.

     

    Demain j’irai mieux, je dormirai clouée à mes écrans, attachée à mes personnages de série, nous à nouveau, grouillantes de passés simples, pourries d’espérance, flanquées des versions les plus pâles du Christ. Je ressusciterai par balle, par colis, par habitude.

     

    Nous aurons toujours de quoi veiller.

     


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