-
Par jlmi le 6 Juin 2020 à 00:16
texte & portrait de Lee Sumyeong
On s’est rencontrés dans un entrepôt.
Habillés comme ceux qui y travaillent
on a utilisé tout notre souffle
parlant lentement, des mots purs.Les produits étaient très connus.
Les ventes augmentaient continuellement.
Pour vérifier quels produits étaient dans l’entrepôt,
on allait d’un bout à l’autre,
puis on partait dans une autre direction
et on revenait. On n’arrêtait pas de retourner
à des endroits où on était déjà allés.On n’avait pas l’intention de prendre quoi que ce soit.
On allait et venait comme des personnes responsables.
Un stylo à bille et un téléphone portable dans la poche de nos pantalons,
et parfois on se tenait dans un coin pour répondre au téléphone,
ces fois-là on avait l’impression de ne pas pouvoir bouger d’un pouce.De différentes manières, la répartition des produits était fantastique
il y avait plein de sortes de produits et ils étaient tous mis ensemble
et quand nous ne savions pas comment trouver les produits,
notre progression, en touchant les produits au hasard, était fantastique,
tout le monde dans l’entrepôt avait l’air fantastique.Mais avant de quitter l’entrepôt, soudain
quelqu’un se met à pleurer sans raison.
Quelqu’un se met à vomir.
Quelqu’un se met à les tapoter dans le dos.
Quelqu’un se met à rejoindre l’endroit,
et d’autres se mettent à faire pareil.Il vous est demandé de parler à l’extérieur du bâtiment.
Il y avait un signe, « Silence »,
mais depuis un certain temps on papotait,
faisant du bruit d’un coin à l’autre.Se souvenant du « Silence » avant de quitter le bâtiment
quelqu’un se met à fermer sa bouche.
Quelqu’un se met à faire pareil.
Petit à petit le silence règne,
il devient encore plus silencieux
jusqu’à ce qu’enfin à un moment donné nous nous taisions tous à merveille.traduit par Marie-Christine Masset
votre commentaire -
Par jlmi le 5 Juin 2020 à 00:11
texte & portrait de murièle modély
Il y a les tâches insignifiantes
les gestes de trois fois rien
les mains dans la vaisselle
la pelure des carottes
le regard dans le loin
le ciel et les bruits fauves
la coulée virulente
du galop des enfants
les hurlements d'amour
le linge qu'on étend
la fatigue qui flotte
la terre sur les talons
la vie folle et les niches
qu'on creuse dans les murs
les pulsations fugaces
les respirations brèves
il y a aussi
au milieu tout en bas
là sous le feuilletage
et la coque des mots
des traces de baisers
votre commentaire -
Par jlmi le 3 Juin 2020 à 00:13
texte & illustrations maria desmée
L’invisible se dévoile la nuit
le loup rode autour de nos peurs
sous la peau des mots s’ouvre
l’éclat d’une aurore boréale… /…
Un cœur de lune dévore ma maison
chaque nuit blanche d’absence
le sommeil s’enfuit dans les étoiles
un corps en attente d’étreintein Diagonale du désir
votre commentaire -
-
Par jlmi le 27 Mai 2020 à 00:48
texte daria colonna photo x daria colonna
Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe, s’arrose, s’asperge, se douche, s’inonde. J’apprends à respirer sous l’eau, à jurer du beau temps, je fais mon âge et je l’entends gémir, chaque mois, de corvée de culotte et de jours enclos. C’est par considération que je meurs.
Je tourne autour des soleils jusqu’à ce que l’un d’eux me rajeunisse.
Alors j’ai la joie et trois ans; pardonnez ma voix borgne, pardonnez l’enthousiasme, les mensonges de rien, le rire aigu, je suis un entrepôt de boue, d’agrumes et de limon où pousse un chapeau de fête.
Laissez la pourriture recouvrir les murs de mes écoles.
Demain j’irai mieux, je dormirai clouée à mes écrans, attachée à mes personnages de série, nous à nouveau, grouillantes de passés simples, pourries d’espérance, flanquées des versions les plus pâles du Christ. Je ressusciterai par balle, par colis, par habitude.
Nous aurons toujours de quoi veiller.
1 commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique