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Par jlmi le 9 Février 2020 à 00:00
texte & collage de josiane revault
La profondeur du ciel génère la lumière, ailleurs se trouve la peur du rituel, mais l'amour de la vie est une obsession qui nous gardera en paix.
Atelier "Collage & écriture" du 23 janvier 2020 Chez Fourmillard à Cahors, animé par Cathy Garcia
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Par jlmi le 6 Février 2020 à 00:06
texte de murièle modély ill. jlmi 2013
tu ne sais pas qui, mais quelqu'un
tu sens sa présence derrière ton dos
quelqu'un
est sur le point de te pousser
tu hésites, assise au bord de l'eau
les pieds empêtrés dans les draps de ce rêve dont tu ne vois pas le fond
quelqu'un dans ton dos, tu le sens
quelqu'un
crie
saute, mais saute donc !
tout vaut mieux que la peur
tout vaut mieux que rester là
immobile et docile
tu écris des poèmes, alors quoi
que veut dire cette peur ? saute mais saute donc !
il faut bien que quelque chose se passe
il faut bien que quelque chose se casse
à la fin
tout à la fin
quand quelqu'un finit par lancer pour faire des ricochets
des cailloux ronds
polis
sur ta bouche et tes mains***
tu ne sais pas qui
mais quelqu'un toque
toc toc
dehors dedans
tu ne sais pas
vraiment
la nuit est à l'intérieur, le lit recouvert de poix
chaque mouvement te fait glisser plus bas
toc toc
peut-être est-ce ton cœur ? peut-être est-ce cet ogre ?
la chambre grouille de dents, ta tête déborde de mots, tu es seule
et tu ne sais pas qui mais quelqu'un
frappe
toc toc
très fort
à la tête ou la porte
quelqu'un veut entrer
absolument ouvrir
ce zip sur ta poitrine
coincé depuis des mois
c'est l'enfant, tu reconnais sa voix
"crois-tu, maman, dit-elle, crois-tu
qu'un jour, toi aussi, tu deviendras folle ?"***
tu ne sais pas qui
mais quelqu'un qui t'aime
mal, trop
du moins avec acharnement
tu ne sais pas
mais ce quelqu'un
passe
toutes ses nuits à gommer
avec application
tes restes de mémoire
tu ne sais pas qui
sous la calotte
les fils de ton histoire
sous sa main travailleuse
s'emmêlent, s'emberlificotent
tous les soirs
tape
frotte
à l'envers de ton crâne
et chaque matin
sur l'oreiller
vois
entre les pellicules et les cheveux longs morts
ces amas d'arabique que tu presses, malaxes
curieuse
ton corps a tant d'humeurs
jusqu'à extraire sous la traînée collante sur tes doigts
une lettre, un mot, la trace d'un baiser
fugaces et froids
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Par jlmi le 5 Février 2020 à 00:00
texte de Sylviane Dupuis ill. Paolo Troilo
Cendres
lac
partout : odeur de cendre
invisible
furent
corps
furent
cris
furent de l’humain
éparpilléoù maintenant ?
qui, maintenant ?par millions
lac-tombeau que rien n’émeut
ni le silence
ni le retour obscène
des fleurs
ni chaque hiver la blancheur
de quel pardon imprononçable
revenir de Birkenau
tel qui remonterait nu de chez les morts
ayant perdu son nom et ses larmesvers qui ? vers quoi ?
ô ce visage de solitude
qui interroge sans plus rien
vouloir,
démuni, si démuni
désormais
ne sachant plus
Extrait de Poème de la méthode, Empreintes, 2011.
Réédition Empreintes, Poche Poésie, 2019.
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Par jlmi le 16 Janvier 2020 à 00:51
texte de Ilya Kaminsky ill. Keith Haring
Nous vivions heureux pendant la guerre
Et quand ils ont bombardé la maison des autres, nousavons protesté
mais pas assez, nous nous sommes opposés mais pasassez. J’étais
dans mon lit, autour du lit l’Amérique_s’écroulait : maison invisible après maison invisible après maison invisible—
j’ai sorti une chaise et regardé le soleil.
Durant le sixième mois
d’un règne désastreux dans la maison de l’argent_dans les rues de l’argent dans la ville de l’argent dans le pays de l’argent,
notre formidable pays de l’argent, nous (pardonnez-nous)vivions heureux pendant la guerre.
We Lived Happily During the War
And when they bombed other people’s houses, weprotested
but not enough, we opposed them but notenough. I was
in my bed, around my bed Americawas falling : invisible house by invisible house by invisible house.
I took a chair outside and watched the sun.
In the sixth month
of a disastrous reign in the house of moneyin the street of money in the city of money in the country of money,
our great country of money, we (forgive us)lived happily during the war.
traduit par Sabine Huynh
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Par jlmi le 8 Janvier 2020 à 00:30
texte de cathy garcia ill. jlmi
Terre rouge
Serpent vrillé
Fumée féroce
Ciel gobé
S’ouvre la fleur
Draps maculés
Ruse initiale
Sang de pouletin Ailleurs simple, Nouveaux délits 2013
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