• texte & collage de josiane revault

     

     

    La profondeur du ciel génère la lumière, ailleurs se trouve la peur du rituel, mais l'amour de la vie est une obsession qui nous gardera en paix.

     

    Atelier "Collage & écriture" du 23 janvier 2020   Chez Fourmillard à Cahors, animé par Cathy Garcia 

     


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  •  texte de murièle modély                                                               ill. jlmi  2013

     

     

    tu ne sais pas qui, mais quelqu'un
    tu sens sa présence derrière ton dos
    quelqu'un
    est sur le point de te pousser
    tu hésites, assise au bord de l'eau
    les pieds empêtrés dans les draps de ce rêve dont tu ne vois pas le fond
    quelqu'un dans ton dos, tu le sens
    quelqu'un
    crie
    saute, mais saute donc !
    tout vaut mieux que la peur
    tout vaut mieux que rester là
    immobile et docile
    tu écris des poèmes, alors quoi
    que veut dire cette peur ? saute mais saute donc !
    il faut bien que quelque chose se passe
    il faut bien que quelque chose se casse
    à la fin
    tout à la fin
    quand quelqu'un finit par lancer pour faire des ricochets
    des cailloux ronds 
    polis 
    sur ta bouche et tes mains

    ***

    tu ne sais pas qui
    mais quelqu'un toque
    toc     toc
    dehors     dedans
    tu ne sais pas 
    vraiment
    la nuit est à l'intérieur, le lit recouvert de poix
    chaque mouvement te fait glisser plus bas
    toc     toc
    peut-être est-ce ton cœur ? peut-être est-ce cet ogre ?
    la chambre grouille de dents, ta tête déborde de mots, tu es seule
    et tu ne sais pas qui mais quelqu'un
    frappe
    toc     toc
    très fort
    à la tête ou la porte
    quelqu'un veut entrer
    absolument ouvrir
    ce zip sur ta poitrine
    coincé depuis des mois
    c'est l'enfant, tu reconnais sa voix
    "crois-tu, maman, dit-elle, crois-tu
    qu'un jour, toi aussi, tu deviendras folle ?"

    ***

    tu ne sais pas qui
    mais quelqu'un qui t'aime
    mal, trop
    du moins avec acharnement
    tu ne sais pas
    mais ce quelqu'un
    passe
    toutes ses nuits à gommer
    avec application
    tes restes de mémoire
    tu ne sais pas qui
    sous la calotte
    les fils de ton histoire
    sous sa main travailleuse
    s'emmêlent, s'emberlificotent
    tous les soirs
    tape
    frotte
    à l'envers de ton crâne
    et chaque matin
    sur l'oreiller
    vois
    entre les pellicules et les cheveux longs morts
    ces amas d'arabique que tu presses, malaxes
    curieuse
    ton corps a tant d'humeurs
    jusqu'à extraire sous la traînée collante sur tes doigts
    une lettre, un mot, la trace d'un baiser
    fugaces et froids

     

     


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  • l'oeil & la plume...

    texte de Sylviane Dupuis                                                         ill. Paolo Troilo

     

     

     

     

    Cendres
    lac
    partout : odeur de cendre
    invisible

        
    furent
    corps
    furent
    cris
    furent de l’humain
    éparpillé

         où maintenant ?
         qui, maintenant ?

    par millions

        
        

    lac-tombeau que rien n’émeut
    ni le silence
    ni le retour obscène
    des fleurs
    ni chaque hiver la blancheur
    de quel pardon imprononçable

        
        

    revenir de Birkenau
    tel qui remonterait nu de chez les morts
    ayant perdu son nom et ses larmes

         vers qui ? vers quoi ?

        
        

    ô ce visage de solitude
    qui interroge sans plus rien
    vouloir,
    démuni, si démuni
    désormais

        
        

    ne sachant plus

     

     

    Extrait de Poème de la méthode, Empreintes, 2011.

    Réédition Empreintes, Poche Poésie, 2019.

     

     


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  • l'oeil & la plume... : République sourde / Deaf Republic

    texte de Ilya Kaminsky                                                               ill. Keith Haring

     

     

    Nous vivions heureux pendant la guerre

    Et quand ils ont bombardé la maison des autres, nous

    avons protesté  
    mais pas assez, nous nous sommes opposés mais pas

    assez. J’étais    
    dans mon lit, autour du lit l’Amérique

    _s’écroulait : maison invisible après maison invisible après maison invisible—

    j’ai sorti une chaise et regardé le soleil.

    Durant le sixième mois      
    d’un règne désastreux dans la maison de l’argent

    _dans les rues de l’argent dans la ville de l’argent dans le pays de l’argent,
    notre formidable pays de l’argent, nous (pardonnez-nous)

    vivions heureux pendant la guerre.

     

    We Lived Happily During the War

    And when they bombed other people’s houses, we

    protested
    but not enough, we opposed them but not

    enough. I was
    in my bed, around my bed America

    was falling : invisible house by invisible house by invisible house.

    I took a chair outside and watched the sun.

    In the sixth month
    of a disastrous reign in the house of money

    in the street of money in the city of money in the country of money,
    our great country of money, we (forgive us)

    lived happily during the war.

     

     traduit par Sabine Huynh

     

     


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  • l'oeil & la plume... calebasses renversées

    texte de cathy garcia                                                                         ill. jlmi

     

     

    Terre rouge
    Serpent vrillé
    Fumée féroce
    Ciel gobé
    S’ouvre la fleur
    Draps maculés
    Ruse initiale
    Sang de poulet

     

     

      in Ailleurs simple, Nouveaux délits 2013

     


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