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Par jlmi le 21 Septembre 2020 à 00:33
texte cathy garcia photo dimitri markov
Nous adultes avortés
faisons de l’art comme on cherche la surface.
De l’art ou bien autre chose
pour ne pas se noyer
mais tout se résume à« cherche cherche ! »
avec la ferveur des chiens
la dévotion des chiennes…
un peu de leur brute chaleurin Salines
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Par jlmi le 19 Septembre 2020 à 00:06
texte & ill. jlmi
I
Au milieu du sanctuaire,
par un jour de pluie,
le Bouddha resplendit
sous un grand chapeau de femme.
Extrême gravité du bonze en zazen,
du silence sur les mains.
Toutes ses veines balbutient
sous la peau parchemin.
Sur la terrasse
de teck du temple
un peintre dont la vue s’obscurcit,
paupières qui palpitent, peint
en rides runiques
un résineux, épis bleu violet
dans les rochers nus ;
image qui bouge dans le pinceau souvenirs.
Le goyo matsu,
n’a de couleur ni ancienne ni moderne.
Poésie du bonsaï bunjingi
nu derrière la fenêtre…
… une cloche de bambou claquette
la caresse d’un souffle.
Murmure de mots interdits à l’oreille,
des dormeurs qui vécurent,
béquilles de brume fondues,
tout est beau dans la pénombre.
La hache et le coin…
Répondre ? …
Depuis toujours les oiseaux ont peur des chutes de pierre.
*****
II
Au milieu du sanctuaire
par une nuit de pleine lune,
le Bouddha sourit
des larmes de lotus.
Extrême gravité du bonze en zazen,
du silence sur les mains.
Dans l’ombre sombre du dojo
plus rien ne vit.
Sur la terrasse
de teck du temple
un peintre a éteint l’éclat
de ses yeux las
sans déranger une étoile.
En contre-point de ses encres
du linge sèche.
Les aquarelles de lumière
ne se font plus que sur les pierres du jardin
qui n’ont de couleur ni ancienne, ni moderne.
Poésie du bonsaï bunjingi
nu derrière la fenêtre…
… au kansaï hibachi, le charbon de bois rougeoie
l’éclat d’un rêve.
Murmure des mots d’accès aux univers
sans fin, réservoirs sans fond
d’éternité pour jours ultimes
sous la protection du silence.
Le fluant et l’immuable…
Répondre ?
Depuis toujours les pierres ont peur des chutes d’oiseaux.
****
III
Au milieu du sanctuaire
par un jour plein de nuit
le Bouddha se rit
de l’offense d’une fiente
Extrême gravité du bonze en zazen,
du silence sur les mains.
Son fleuve passe
sous le pont des brouillards
Sur la terrasse
de teck du temple
un vieil aveugle
assis, immobile
fixe le jardin
de ses yeux blanchis.
Le chant des sphères lui raconte
les 7 couleurs à quoi penser.
Mais seules sont ses encres
qui n’ont de couleur ni ancienne, ni moderne.
Poésie du bonsaï bunjingi
nu derrière la fenêtre…
… par bribes, un mantra
récité d’une voix gutturale.
Murmure de mots immortels
qui n’ont jamais existé
qu’ici et maintenant.
Plus de langage, rien.
Le trait ou la page
Répondre ?
Depuis toujours les oiseaux de pierres ont peur des chutes.
***
bunjingi : forme de bonsaï dite du lettré (la plante de l'illustration n'a pas cette forme)
dojo : salle
goyo matsu : pinus pentaphilla, pin
kansaï hibachi : brasero de la région de Kyoto
zazen : position assise de méditation
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Par jlmi le 18 Septembre 2020 à 00:03
texte de isabelle le gouic ill. jlmi 2014
En cette frisselière journée du mois de narcicédille, Jeanjean aroubissait lentement sur la route borsifiée de grands tronchênes enlaçés. Les roues de sa lonchenille scouintaient tintillamment et raffrénaient sa pargession.
Au détour d'un tirloire, Jeanjean visuffla une chimière perchopée sur une brolline. Lursieux, il quitta la chemie principale et s'engafoula sur un serpinentier étroit. Il visufflait de loin la casetière d'où s'échirlait une épaisse estouffinade. Les narines de Jeanjean se rissaient à chaque époumation. Il n'était plus qu'à donze décipas de la chimière. Blâché derrière un immense tronchêne, il desgourdit de sa lonchenille, l'adossa au bron et se galancha dans l'herburage humide. Rien ne clissait, pas même un fafellement de mouche.
Après viz bonnes répinades, galanché dans la bourdière, Jeanjean se rebuqua glissivement, se friga virulement les digitoires et aroubissa vers la casetière. On n'échointait toujours pas la moindre clissade et Jeanjean s'intergrugea sur la trépence ou non de bonomidés. Il claquetta à la vistule, attendit une courte répinade, et débucla fissamment l'operclude.
A sa grande surbitude, il visuffla un couple de borluques assoupis. Dans un brouffin, tout près de ses bargans, dodofallait un borluquet. Une bollicieuse estouffinade de siandre aux lampignards s'échirlait dans la chimière. Les groix bonomidés ne se déclurent pas un instant de la trépence de l'estraclé à leurs boltrés.
Pendant qu'ils dodofallaient, Jeanjean s'esclipa dans la chandrine voisine et chaffourgna dans la lomogne en bois de tronchêne, tirleton après tirleton, puis il souleva le batoula du droc à balfraguand où il griba un rétignable prégord dans le grommier : Groix bracadets en roncille, breux alludines en doc de cille, viz rouloques triclées de céphir et quelques claisses de roncille et d'agréban en doire à col de gerte. Jeanjean se gargucha les padoches jusqu'au bloc et s'esclipa de la chimière à toutes lambades. Il se drua jusqu'à sa lonchenille et dispaga derrière le tirloire.
C'était une belle brancolte pour lui. Il était vahiaire de son caribolage et avait le sourire jusqu'aux ourlières. Quelques décimades plus tard, il fourperait les bracadets à son tontord Hector qui tient un madraguin d'andigues et de jateaux. Les alludines en doc de cille visèreraient sa frasine Léonne. Quant aux rouloques, ils les banqueriserait à Gaston et Alban, des briguedands qui reclendaient la roncille et l'agréban.
Pendant ce tournevent, le couple de borluques sortit de son dodofallement et visuffla avec esbroi les tirletons écharbis de la chandrine et le batoula du droc tout regourné. Ils gébrirent, poussèrent des ruques aigus par la vistule mais c’était déjà trop estardi. Le cambronneur avait disperdu dans la vatoire.
Jeanjean perniffla plus tard à Hector et à Léonne qu'il avait rabulé tous ces jolicadilles au pied d'un tronchêne en se ballassant. Il garda toute sa vie la vrédigable histée de ce caribolage pour lui.
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Par jlmi le 17 Septembre 2020 à 00:58
texte de bruno toméra ill. jlmi 2017
Puis la passion de st Matthieu quand Bach
Tord sa baguette sur ma bouteille d'alcool
Où je loge ce bobard solitaire que je me distille
Sous la nuit bleu pétrole avec ce ticket de caisse
De la vie dans le ventre vide d'un vieux sac
De supermarché s'enfuyant affolé au travers de la ville,
Ce sans vous, ce sans ils, cette bile acide au gris matin
Sur mes chaussures faisandées,
Fais longtemps que j'ai pas tiré un coup
Dans le kleenex immaculé des poètes enrhumés,
Nettoyer ses rides devant le miroir fêlé de la prestance,
Allumer la énième clope, cracher quelques éponges,
Chauffer le sénile diesel et foncer
Pare-choc contre pare-choc
A cinquante et un kilomètres heure
dans le tohu-bohu bohu de l'existence
Vers l'impérieuse quête du saint Graal
De l'amour inventé sur des guibolles fermes et blanches
Pour s'abreuver au néant de la biologique nécessité
d'une chatte bien chaude,
Et c'est pas gagné.
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Par jlmi le 16 Septembre 2020 à 00:50
texte de lucie delarue-mardus ill. jlmi 2019*
Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l'ombre et les coussins,
Je t'y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.
A travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t'écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu'aux pleurs, jusqu'aux pleurs!
-Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps -instrument sans défaut -
Que tout l'art de l'Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.
Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdûment ouverte,
Puissé-je retenir l'élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre col inerte!
in Nos amours secrètes (1902-1905)
* base photos de ldm de 1905 coll. félix potin n°3 + the kiss de clarence h. white de 1904
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