texte Patrice Repusseau                                                          ill.  jlmi

soirées mondânes

où souvent le sein triste

sans parler de l'esprit

ni du sexe caméléon

madame a mis sa peau

du soir

sous un lamé dimanche

et fête

on célèbre on s'illustre

entre gens bien connus

du monde qui s'adore

qui se déchire en petits tas

madame s'est fendue

se montre du cou au pubis

entre les marchands les artisses

exhibe son plus beau moa

et monsieur qui boit rouge

ou blanc rosé rosat

le vin houleux qui bat aux tempes

les yeux qui flottent dans les coupes

et les voix vides de cristal

les verres les contacts

les grandes promesses les corps

que l'on ne tiendra pas

on devise de soi

en s'adressant aux autres

moa moa moa

et le peintre le musicien

moa moa et l'écrivain

moa

toa tu peux crever

(ce qui d'ailleurs

ne manque jamais d'arriver

ou tôt ou tard

ou même encore un jour ou l'autre)

texte Werner Lambersy                                       photo Marcel Carné (Quai des Brumes)

Je voyageais

Parce qu’au bout du quai

M’attendait

L’amour aux bras tendus

Debout sur

La pointe des chaussures

je ne voyageais

Que par ce qu’au bout du

Quai m’attendait

Cet amour aux bras tendus

Et les millions de pétales de

Roses qui tombaient sur les

Verrières de la gare du Nord

Et les horaires

Jamais en retard : l’hiver en

Manteau d’hiver

L’été en petite robe de soie

Et le son assourdi

De sa poitrine dans la loco

Qui respire

Je n’ai d’autre bagage que

La peur qu’elle

Ne viendrait pas attendre !

Et je plonge dans ce qu’elle

Prononce

Comme celui qui ne sait pas

La nage et n’a pas de bouée

montage jlmi 2023

texte Werner Lambersy                                                    photo Sandra Saraippa

New York c’est long c’est

Long New York!

Surtout à pied et fauché

YMCA et l’Armée

Du Salut Broadway Fith  

Avenue et son

Néon papier cul de l’œil

Où faire la

Manche passe pour un

Holdup et

Les limousines en deuil

Pour des

Corbillards du dimanche

Long c’est long New York

Les gratte-ciel

Ne vont pas jusqu’au ciel

Wall street est

Un égout pour l’or et l’or

Est la merde

Du soleil : Nezahuacoyotl

in le Palestre de Samos

texte Regina José Galindo                                                            ill. Igor Morski

Le Paradis qui apparaît dans la Bible

n’est pas le même que celui où je suis née.
Ici on tire des cheveux
On arrache des ongles
Enlève des langues
Défonce des culs
Extirpe des mamelons
Viole des vagins
Coupe des doigts
Ampute des jambes
Cogne des visages
Coupe des têtes
Flingue des cœurs
Poignarde des dos
Pisse sur des corps
Et brûle des entrailles

(traduction  Stéphane Chaumet)