• l'oeil & la plume... à la manière de Boris Vian

    texte de Margault Menar Margault                                                          ill. Pniel

     

     

     

    Monsieur le président

    Je vous fais une lettre
    Que vous lirez peut-être
    Si vous avez le temps
    Je viens de recevoir
    Mes contrats de labeur
    Pour bosser quarante heures

    Répondant au pouvoir

    Monsieur le président
    Je ne veux pas les faire
    Je ne suis pas sur terre
    Pour périr sans argent
    C’est pas pour vous fâcher,
    Il faut que je vous dise,
    Ma décision est prise
    Je m’en vais protester

    Depuis que je suis né
    J’ai vu mourir mon père
    J’ai vu partir mes frères
    Et pleurer mes enfants
    Mon corps a tant souffert
    Du travail à la chaîne
    Que ce serait chimère
    De penser sans colère

    Quand j’étais innocent
    Je lisais Germinal
    A la rose en sang
    Marre d’être animal
    Demain de bon matin
    Je fermerai ma porte
    Au nez des années mortes,
    J’irai sur les chemins.

    Je déchaînerai l’ordre
    Sur les routes de France
    De Bretagne en Provence
    Et je crierai aux gens :
    « Refusez d’obéir,
    Refusez de céder
    Hurlez Liberté
    Refusez d’asservir »

    S’il faut donner sa vie
    Allez donner la vôtre
    Vous êtes bon apôtre
    Monsieur le président.
    Rêvons d’une utopie
    D’abolition du cens
    Au non d’une sujétion
    Crions Révolution !

    Source


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  • texte Jacques Prévert                             sculpture Sarah François  2005

     


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  • texte Charles Baudelaire                                                     photo  jlmi 2022

     

     


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  • texte Murièle Modély                                                  collage   jlmi 2014

     

    cette histoire de trou commence à bien faire
    tu dis
    tout en bas du puits ça tombe, tu dis
    ça ne fait que ça

    ça chute et tu restes tendu tendue
    avec ou sans e tu penses
    cela ne change rien
    les pensées tombent
    tu n'atteins pas le fond

    ça grandit grignoté e que tu es
    par la colère, la peine, deux faces identiques
    de la pièce dont tu attends longtemps
    le ricochet au sol
    le trou n'a pas de fond

    /

    voilà comment se répète
    tu dis
    la mécanique des chairs
    cette puissante affaire
    de mots
    à dents
    qui mordent, grignotent, tricotent
    des boules, des nœuds
    dans le pylore, l'œsophage
    des phrases
    la petite chimie des corps
    sous les solvants

    /

    au delà de la vitre, bien sûr, tout continue
    l'espace se remplit
    le boulanger cuit son pain
    une voiture démarre
    un homme pénètre une femme
    un oiseau crie

    il y a la masse noire qui diffracte la vie
    les camaïeux, l'orange, qui dévorent la nuit
    au delà de la vitre, le jour commence
    les bords irréguliers de la chair dentelée


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