• l'oeil & la plume...  en traversant le pont

    texte & photo Zhu De

     

    En traversant le pont, l’amoureux faiblit.

    En traversant le pont, la bien-aimée faiblit aussi.

    Quand la rouille aura rongé le pont,

    Alors l’amour s’évanouira.

     

    c.1940 durant la Longue Marche

     

     


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  • l'oeil & la plume...   tous les soirs

    texte joyce mansour                                                                     ill. jlmi " 231"

     

    Tous les soirs quand je suis seule
    Je te raconte ma tendresse
    Et j’étrangle une fleur.
    Le feu lentement se meure
    Contracté de tristesse
    Et dans le miroir où dort mon ombre
    Des papillons demeurent.
    Tous les soirs quand je suis seule
    Je lis l’avenir dans les yeux des moribonds
    Je mêle mon haleine au sang des hiboux
    Et mon cœur court crescendo
    avec les fous.



    in Déchirures (1955)

     

     

     


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  • l'oeil & la plume... l'évadé

    texte de boris vian                                 sculpture immergée jason decaire taylor

     

    Il a dévalé la colline
    Ses pieds faisaient rouler des pierres
    Là-haut, entre les quatre murs
    La sirène chantait sans joie

    Il respirait l'odeur des arbres
    De tout son corps comme une forge
    La lumière l'accompagnait
    Et lui faisait danser son ombre

    Pourvu qu'ils me laissent le temps
    Il sautait à travers les herbes
    Il a cueilli deux feuilles jaunes
    Gorgées de sève et de soleil

    Les canons d'acier bleu crachaient
    De courtes flammes de feu sec
    Pourvu qu'ils me laissent le temps
    Il est arrivé près de l'eau

    Il y a plongé son visage
    Il riait de joie, il a bu
    Pourvu qu'ils me laissent le temps
    Il s'est relevé pour sauter

    Pourvu qu'ils me laissent le temps
    Une abeille de cuivre chaud
    L'a foudroyé sur l'autre rive
    Le sang et l'eau se sont mêlés

    Il avait eu le temps de voir
    Le temps de boire à ce ruisseau
    Le temps de porter à sa bouche
    Deux feuilles gorgées de soleil

    Le temps de rire aux assassins
    Le temps d'atteindre l'autre rive
    Le temps de courir vers la femme
    Il avait eu le temps de vivre.

     


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  • l'oeil & la plume..; contradictions

     texte esther granek                                                             ill.  un rien du tout

     

     

    Ils cohabitent en moi.
    Se battent sans qu’on le voie :

    Le passé le présent
    Le futur et maintenant
    L’illusion et le vrai
    Le maussade et le gai
    La bêtise la raison
    Et les oui et les non
    L’amour de ma personne
    Les dégoûts qu’elle me donne
    Les façades qu’on se fait
    Et ce qui derrière est
    Et les peurs qu’on avale
    Les courages qu’on étale
    Les envies de dire zut
    Et les besoins de lutte
    Et l’humain et la bête
    Et le ventre et la tête
    Les sens et la vertu
    Le caché et le nu
    L’aimable et le sévère
    Le prude et le vulgaire
    Le parleur le taiseux
    Le brave et le peureux
    Et le fier et le veule…

    Pour tout ça je suis seul.


    in Ballades et réflexions à ma façon


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  • l'oeil & la plume...  demain, dès l'aube

    texte victor hugo                                            ill. Softtwix - projet E-Doll

     

     

    Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
    J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

     

     

     


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